LES ORIGINES DE LA COLONIE
ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
Tony SILVINO*, Guillaume M AZA*, Patrice FAURE**, Nicolas TRAN***
avec la collaboration de Thierry A RGANT*
Mots-clés. Valence, romanisation, colonie, épigraphie, urbanisme, architecture, trame urbaine, mobiliers.
Résumé. Une opération archéologique récente et un réexamen des textes antiques permettent de nouvelles observations sur les débuts
de l’urbanisation à Valence et sur le statut originel de la cité. Pour la première fois, des vestiges remontant à la fondation de la ville
ont été mis au jour lors des fouilles conduites à l’angle des rues d’Arménie et Bouffier. Si un premier ensemble de structures pourrait
correspondre aux traces d’une occupation précoloniale, un groupe de bâtiments, construits dans les années 50-30 av. J.-C., orientés
suivant le cadastre B de Valence, relève vraisemblablement du premier plan d’urbanisme de la colonia Valentia. Ces données ne livrent
pas d’éléments déterminants sur le statut de la cité et peuvent s’articuler à l’hypothèse dominante d’une colonie latine devenue romaine.
Mais elles pourraient aussi s’accorder avec une nouvelle interprétation des textes. En effet, la datation tardo-républicaine de l’inscription
en l’honneur du propréteur Lucius Nonius Asprenas, associée à une nouvelle lecture (géographique et/ou hodographique) de la liste
plinienne des colonies de Gaule Narbonnaise, conduit à envisager la possibilité d’une fondation directement pourvue du droit romain,
peut-être entre 46 et 36 av. J.-C. L’archéologie révèle encore qu’à partir des années 30 av. J.-C., le quartier fouillé a été marqué par
une reconstruction complète de l’îlot, comprenant l’édification d’une domus de style italique et l’aménagement de la voirie. Cette phase
paraît conforme aux nouvelles normes de l’urbanisme augustéen, observables dans d’autres colonies romaines de Gaule.
Key-words. Valence, romanization, colony, epigraphy, urbanism, architecture, urban network, finds.
Abstract. A recent archaeological investigation and re-examination of ancient sources allow a reassessment on the beginnings of
urbanisation at Valence and on the original status of the city. For the first time, remains dating to the town foundation have been
recovered during excavations conducted at the junction of rue d’Arménie and rue Bouffier. A first series of constructions could
correspond to the traces of a pre-colonial occupation but then a range of buildings erected in the years 50-30 BC, positioned along
the cadastre B of Valentia, presumably refer to the original town planning of the colonia. These pieces of information don’t bring
determining facts on the town status and can match to the prevailing hypothesis of a Latin colony becoming Roman. But they
also can be linked to a new interpretation of the texts. The Late Republican dating of the inscription in honour of the propraetor
Lucius Nonius Asprenas, combined with a new reading (geographical and/or hodographic) of the Pliny’s list of the Narbonensis
coloniae, make it possible to suggest a foundation straight away endowed with the Roman law, perhaps between 46 and 36 BC.
Archaeology also shows that from the years 30 BC, in the area being excavated, a small block of buildings including the construction
of an Italic style domus and of a street system has been totally rebuilt. This phase seems to be in accordance with the new Augustan
urbanism norms, noticed in other Roman coloniae in Gaul.
Translation: Isabelle FAUDUET
* Archeodunum, 500 rue Juliette-Récamier, F-69970 Chaponnay. Courriels : t.silvino@archeodunum.fr ; g.maza@archeodunum.fr ;
t.argant@archeodunum.fr
** Université Jean-Moulin-Lyon-III, Faculté des Lettres et Civilisations, 7 rue Chevreul, F-69362 Lyon Cedex 07. Courriel : patricefaure@hotmail.com
*** Université Rennes-II, Département d’Histoire, Campus Villejean, Place du Recteur Le Moal, CS 24307, F-35043 Rennes. Courriel : nicolas.tran@uhb.fr
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La colonie romaine de Valence fait actuellement figure
de parent pauvre dans notre connaissance de l’urbanisme antique des colonies romaines en Gaule 1. Si les
recherches ont beaucoup progressé pendant ces vingt
dernières années, notamment grâce au développement
des opérations d’archéologie préventive, la documentation
se résumait à des découvertes fortuites qui alimentaient
régulièrement les hypothèses de chercheurs comme André
Blanc (1964). Les origines de la colonie ont par ailleurs fait
l’objet de nombreuses interrogations. Si le titre de colonie
romaine est bien attesté par les textes et l’épigraphie,
les étapes de son histoire institutionnelle et de son éventuelle évolution juridique restent discutées. L’installation
de vétérans de l’armée romaine (deductio) est, elle aussi,
encore à démontrer. En effet, aucun texte antique ne livre
d’information précise sur le statut originel de la colonie. Le
dernier point concerne enfin l’existence éventuelle d’une
ville indigène antérieure à la guerre des Gaules.
La ville de Valence, identifiée à la colonie romaine de
Valentia (la « Vigoureuse » ou la « Valeureuse »), est située
dans la moyenne vallée du Rhône, implantée sur le rebord
occidental d’une terrasse alluviale (fig. 1). Le site montre
une situation privilégiée entre le Lyonnais et la Provence,
sur l’axe majeur de communication nord-sud que représente le couloir rhodanien, et à un important carrefour
routier est-ouest desservant l’Italie par la route des Alpes, au
débouché de quatre grandes vallées affluentes du Rhône :
celles de l’Isère et de la Drôme pour la rive gauche, ainsi que
celles du Doux et de l’Eyrieux pour la rive droite. La cité de
Valence correspond au chef-lieu des Segovellaunes, peuple
indigène membre de la confédération cavare qui occupait
cette région à l’époque de l’indépendance. Les sources
concernant le peuple des Segovellaunes sont rares. Dans
sa description de la Narbonnaise, Ptolémée mentionne
Valence comme la ville principale des Segalauni et localise
leur territoire au sud des Allobroges et au nord des Cavares
(Ptolémée, Géographie, II, 10, 7). Pline l’Ancien précise que
la région autour de Valentia se nomme regio Segovellaunorum
(Pline l’Ancien, NH, III, 4, 34). Strabon rattache, par
ailleurs, le peuple des Segovellauni à la confédération des
Cavares, qu’il situe entre la Durance et le confluent de
l’Isère et du Rhône (Strabon, Géographie, IV, 1, 11). Le débat
sur la localisation de la capitale des Segovellauni dépasse
1. Nous voudrions remercier Armand Desbat pour la relecture du
manuscrit et ses remarques toujours précieuses, ainsi que Michel
Tarpin qui a favorisé les premiers échanges entre les auteurs de cette
recherche. Ces derniers ont pu prendre connaissance de la Carte
archéologique de la Gaule (CAG, 26) après la rédaction de cet article.
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largement le cadre de cette étude. Remarquons seulement
que la tradition situe son emplacement sur l’oppidum de
Soyons en Ardèche, sur la rive droite du Rhône (fig. 1). Le
territoire des Segovellaunes occupait l’actuelle plaine valentinoise et s’étendait à la rive droite du Rhône, comme ce
fut également le cas pour la colonie romaine et, ultérieurement, l’évêché de Valence. La frontière avec les Allobroges
était constituée au nord par l’Isère, tandis que la barrière
du Vercors formait la limite orientale avec les Voconces.
Le territoire ségovellaune devait s’étendre au sud jusqu’à
la rivière Drôme (Cavares, Helviens), et peut-être jusque
dans la plaine de Montélimar (Tricastin). Les possessions
outre-Rhône devaient comprendre l’oppidum de Soyons et
se prolonger à l’ouest dans la région montagneuse comprise
entre l’Eyrieux et le Doux (Vivarais). Ce petit peuple
gaulois, dont l’histoire n’a conservé que le nom, fut rattaché
à la province de Gaule transalpine, ultérieurement appelée
Gaule Narbonnaise (Barruol, 1975).
Aléa des recherches archéologiques, aucun vestige
antérieur à la guerre des Gaules n’a été décelé dans la ville
actuelle de Valence. Devant cette absence manifeste, les
espoirs se sont tournés vers le plateau de Lautagne, localisé
à moins de 5 km au sud de la ville, où plusieurs fossés
romains datés de la fin du IIe s. ou du début du Ier s. av. J.-C.
ont été mis au jour (fig. 1). Le site occupe une haute terrasse
alluviale (180 m d’altitude) dessinant une large plate-forme,
marquée sur son versant nord par un abrupt de 40 m. Les
vestiges consistent en plusieurs fossés orientés selon les axes
des cadastres antiques (A et B) rattachés à la cité de Valence.
Trois phases d’occupation successives ont été identifiées
de manière très partielle et avec plus ou moins de succès.
Les différents ouvrages sont en effet connus par de courts
tronçons de fossés, parfois espacés de plusieurs dizaines de
mètres et dispersés sur une superficie de près de 2 500 m2
(Allimant, 1993 ; Reddé et al., 2006, p. 26-27). Leur organisation générale comme leur étendue nous échappent en
grande partie. L’état le plus ancien comprend deux fossés
parallèles à profil en « V », dont la vocation défensive
aurait été reconnue par l’implantation d’une palissade
dans son axe (état 1). La découverte d’un ret our d’angle
de forme arrondie permet de restituer une vaste enceinte
quadrangulaire d’au moins 1 ha, orientée sur les axes du
cadastre B de Valence (N23°E). Dans le même secteur, un
deuxième fossé de configuration identique est associé à
une levée de terre, sans que l’on puisse toutefois affirmer
la contemporanéité des deux ouvrages (état 1bis). Ceci
d’autant plus que l’orientation apparaît désormais alignée
sur le cadastre A de Valence (N12°30’E), considéré comme
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N
N
AIN
LOIRE
HAUTE-SAVOIE
RHÔNE
SAVOIE
ISÈRE
RHÔNEALPES
Valence
ARDÈCHE
0
DRÔME
200 km
0
100 km
N
Rh
ôn
e
Valence
le
Soyons
plateau de
Lautagne
0
2 km
Fig. 1 – Localisation de Valence, du plateau de Lautagne et de Soyons
(source géoportail ; DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
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le plus ancien, dans tous les cas de datation républicaine
ou coloniale (Chouquer, Odiot, 1984). Dans un deuxième
temps, ces fossés sont colmatés en parallèle avec un aplanissement général du plateau. Le terrain ainsi préparé voit
l’installation d’une nouvelle enceinte qui reprend précisément l’axe de l’ouvrage précédent. La présence d’un retour
d’angle au nord-ouest, de même que la reconnaissance
de son tracé sur plus de 160 m, ont permis d’estimer la
surface enclose à environ 3 ha (état 2). Le réexamen du
mobilier archéologique recueilli en dernier état, composé
en majorité d’amphores vinaires républicaines (Dressel 1A
et Dressel 1C de la région de Pompéi) et de tuiles en terre
cuite de typologie précoce, a permis de dater son abandon
entre la fin du IIe s. et le début du Ier s. av. J.-C. La question
de l’interprétation de ces aménagements d’importance
n’est en revanche toujours pas réglée. L’hypothèse de
plusieurs camps militaires romains, émise à l’issue de la
fouille, semble toutefois confortée par la forme caractéristique en « coude » de l’angle des fossés A et C, de même que
par le système de déviation des branches du fossé en guise
d’ouverture. L’identification plus récente de deux pièces
d’armement d’époque républicaine, une lance/épieu d’un
type peu discriminant (guerre, chasse ?) et un boulet de
baliste en basalte, pourrait fournir des arguments supplémentaires (Desbat, Maza, 2008). Ce type de découvertes est
plus fréquent sur les sites de la basse vallée du Rhône (BaouRoux, Entremont, Saint-Blaise, Glanum, Marseille, etc.), où
ils sont traditionnellement liés aux campagnes militaires
romaines de la fin de la République (Feugère, 1993 et 1994).
Ces découvertes viendraient éclairer d’un jour nouveau la
question épineuse des origines de la ville de Valence et de
sa cadastration, pour lesquelles les données restent extrêmement ténues. Cette dernière pourrait être directement liée à
l’implantation d’un camp militaire romain sur le plateau de
Lautagne, à proximité immédiate au sud de la ville. Vouloir
rattacher ces campements à un événement historique
dont les auteurs antiques ont consigné les récits se révèle
en revanche une entreprise périlleuse à laquelle nous ne
nous risquerons pas. Les opérations militaires romaines en
moyenne vallée du Rhône ne manquent pas pour les deux
derniers siècles avant J.-C. : grande bataille qui vit la victoire
de Q. Fabius Maximus sur les Allobroges et les Arvernes en
121 av. J.-C., invasion des Cimbres, Teutons et Ambrons à
la fin du IIe s. av. J.-C., ou encore réduction des révoltes du
Ier s. av. J.-C. en basse vallée du Rhône (Goudineau, 1978
et 1992).
Deuxième constat, valable jusqu’il y a peu : la plus
ancienne occupation reconnue à Valence ne remontait pas
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avant la période augustéenne et plus précisément la fin du
Ier s. av. J.-C. Les seuls vestiges observables se rapportaient à
des traces de réseau viaire et à la construction du rempart.
La trame urbaine obéit à un plan orthogonal classique,
que des fouilles anciennes ont révélé par le repérage d’un
cardo et d’un decumanus. L’analyse morphohistorique de
la ville de Valence et de sa campagne révèle l’existence de
deux réseaux cadastraux, dont la chronologie reste encore
très discutée (Chouquer, Odiot, 1984 ; Chouquer, Favory,
1992 ; Réthoré, 1993 ; Chouquer, 2010). Le cadastre A est
orienté au N12°30E par rapport au nord géographique et le
cadastre B au N23°E. Si le réseau cadastral A, observé dans
le centre ancien et dans la campagne valentinoise, constitue
la centuriation la plus ancienne, il n’en demeure pas moins
que sa grille reste très hypothétique. A contrario, celle du
cadastre B se révèle relativement fiable, avec une apparition plus tardive, liée à l’extension de la ville antique 2. Des
éléments de voirie d’époque augustéenne ont notamment
été partiellement reconnus sur le site de la Préfecture, au
nord de l’agglomération 3 (Réthoré, 1993) (fig. 2). La ville
était entourée d’une enceinte matérialisant la limite urbaine
(fig. 33), dont la porte méridionale a été découverte lors de
travaux effectués en 1869 (Rostaing, 1869, p. 428-429). Les
éléments qui ont pu être observés lors des fouilles étaient
constitués d’un grand appareil en pierre de molasse et
ornés d’une frise de trophées militaires. Plus récemment,
une opération d’archéologie préventive, menée dans le
cadre de la réfection des boulevards sur la place de la PorteNeuve, a révélé une nouvelle section du rempart, montée
en assises régulières de moellons de calcaire gréseux et
associée à deux niveaux de voirie. Les premières datations
fournies par les céramiques découvertes dans les niveaux
de fondation indiqueraient une construction d’époque
augustéenne (15 av. J.-C./15 apr. J.-C.) 4 (Ronco, 2004).
L’ensemble est ensuite recouvert d’un remblai provenant de
la destruction d’un habitat ou d’un bâtiment artisanal. Des
vestiges remontant à cette période ont également été repérés
autour de la cathédrale Saint-Apollinaire, notamment dans
le secteur de la place des Ormeaux et de la place des Clercs
2. La datation précise de ce cadastre a fait l’objet de nombreuses discussions. Suivant les auteurs, la fourchette chronologique proposée
court de la période augustéenne à la fin du Ier s. apr. J.-C. (Chouquer,
Favory, 1992 ; Réthoré, 1993 ; Martin, 2002, p. 700).
3. Des trous de poteau antérieurs à l’installation des éléments viaires
ont également été observés sur le site, mais ces vestiges demeurent trop
ténus pour attester une occupation préaugustéenne dans ce secteur.
4. Cette proposition de datation ne repose malheureusement que sur
un petit ensemble de céramique. En l’absence d’éléments plus représentatifs, la prudence reste de rigueur.
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N
2
1
4
3
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8
0
250 m
Fig. 2 – Localisation des sites mentionnés dans le centre-ville
de Valence : 1, angle des rues d’Arménie et Bouffier ; 2, la Préfecture ;
3, parking Belle-Image ; 4, salle des Fêtes ; 5, théâtre ; 6, place
des Ormeaux ; 7, place des Clercs ; 8, place de la Porte-Neuve ;
9, les boulevards (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
(Gabayet, 2004 ; Réthoré, Valette, 2006). Sur les autres sites,
comme ceux de la salle des Fêtes (Réthoré, 1988) ou du
théâtre municipal (Réthoré, 1998) (fig. 2), les premières
fréquentations restent très ténues et mal datées, faute de
mobilier. En ce qui concerne les équipements monumentaux urbains, des édifices de spectacle (théâtre, amphithéâtre, cirque) sont supposés se trouver dans le secteur
ouest de la ville. Les photographies aériennes et les plans
cadastraux mettent en effet en évidence un parcellaire fait
de courbes et de rayons, caractéristique de ces monuments.
En revanche, les études ne confirment ni la présence d’un
temple sous la cathédrale Saint-Apollinaire, ni l’existence
d’un forum (Blanc, 1964). Des travaux archéologiques sur
le chevet de la cathédrale ont montré que cette dernière
n’était pas fondée sur le podium d’un temple (Réthoré,
2000).
L’habitat antique demeure également très mal connu.
Nos connaissances se résument à quelques murs, fragments
de mosaïques, d’hypocaustes et de canalisations. Le secteur
nord-est de la ville est considéré par les historiens et les
archéologues comme un quartier d’habitat privé de la
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colonie. Cette hypothèse se fonde notamment sur la découverte d’éléments de bâti antique (observés par le club
archéologique Crouzet) lors des travaux d’aménagement
du parking Belle-Image, dans le prolongement de la rue
d’Arménie (Payen, 1977) (fig. 2). Les vestiges se rapportent
à des restes de murs en terre crue, un égout recelant
une tête en marbre d’un Hermes bifrons, des fragments de
mosaïques et des éléments d’hypocaustes. L’imprécision
des données ne permet pas de vérifier la chronologie de
cette occupation. Il semblerait toutefois que les éléments de
datation les plus marquants se rattachent à la fin du Ier s.
apr. J.-C. et au début du siècle suivant. Enfin, nos connaissances des espaces funéraires se résument principalement à
des découvertes anciennes ainsi qu’à une récente opération
réalisée sur les boulevards, où plusieurs sépultures de l’Antiquité tardive ont été mises au jour (Ronco, 2007) (fig. 2).
C’est dans ce contexte, finalement assez peu documenté
sur les origines et sur l’occupation même de Valence intra
muros à l’époque antique, que s’inscrit la fouille d’archéologie préventive réalisée à l’angle des rues d’Arménie et
Bouffier, dans le centre-ville actuel. Pour la première fois,
cette opération 5 a permis de mettre en évidence les traces
d’une organisation urbaine remontant aux origines de
la fondation de la ville antique, période pour laquelle les
indices restaient, comme nous l’avons vu précédemment,
relativement fugaces et peu explicites. La confrontation
des nouvelles données archéologiques avec les conclusions
tirées d’une relecture du dossier épigraphique et littéraire
relatif à la fondation de la colonie apporte ainsi de précieuses données sur les débuts de la présence romaine et sur
l’évolution urbaine dans ce chef-lieu de civitas.
LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES
DE L’ANGLE DES RUES D’ARMÉNIE
ET BOUFFIER
Le site est localisé au nord-est du centre-ville de Valence 6
(fig. 2). Dans ce secteur, le terrain naturel présente un
pendage de l’ouest vers l’est, toujours visible de nos jours
au travers des infrastructures urbaines. Si ce substrat est
composé de sols argileux et de galets constituant d’excellents
5. Cette intervention, prescrite par le Service régional de l’archéologie de Rhône-Alpes représenté par J. Tardieu, dans le cadre de la
construction d’un immeuble, a été réalisée par une équipe d’archéologues de la société Archeodunum. Elle a été entièrement financée par
la société 3C Finances, maître d’œuvre.
6. Il s’agit ici uniquement de présenter les résultats concernant les
premières phases antiques, puisque le site connaît une occupation
discontinue jusqu’à l’Antiquité tardive (Silvino dir., 2009).
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séquence 1
séquence 2
N
séquence 3
F121
F143
F120
F146
F142
F44
F40
rue ?
F132
F150
F126
F131
F148
F149
F151
F127
F152
F123
F166
F115
F133
F128
F111
F113
0
4m
Fig. 3 – Plan des vestiges de la phase 1 (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
À la première fréquentation se rapportent deux fosses et
un four, aménagés dans le substrat 7, associés à des niveaux
de circulation (séquence 1) (fig. 3). La structure de cuisson
(F40), relativement arasée, est formée d’une chambre de
chauffe subcirculaire (diamètre : 1,10 m), dont les parois
étaient rubéfiées (fig. 4). Son comblement se compose
essentiellement des restes de la voûte effondrée. Une fosse
d’accès de plan ovale (1,20 m x 1,60 m) est reliée à cette
chambre. Son remplissage était constitué d’un sédiment
charbonneux comprenant deux gobelets à boire à bord
concave, d’époque tardo-républicaine. Il s’agit d’un type
de four classique à cuisson rémanente, sans sole suspendue,
dont le fond et les parois sont constitués de l’encaissant,
rubéfié par l’utilisation. Sa fonction précise reste toutefois
inconnue en raison du peu de mobilier découvert en association. Ni son comblement, ni son environnement n’ont
permis de déterminer s’il s’agissait d’un four domestique
ou artisanal 8. Les aménagements observés en périphérie comptent une fosse (F148) et des niveaux de sols
présentant des traces de rubéfaction et des nodules de
charbon. Quelques fragments de céramique ont également
été mis au jour. Une fosse isolée (F150), localisée plus à
l’est, présente également des parois légèrement rubéfiées
(fig. 3). Ces premiers aménagements sont sans doute rapidement abandonnés et recouverts par un remblai de terre
argileuse, avant de laisser la place à une occupation plus
« dense » du secteur, visible notamment par l’installation
de bâtiments maçonnés et de sols.
7. Le terrain naturel correspond ici à un niveau argilo-limoneux
mis en place par colluvionnement sur de faibles pentes (de l’ordre
de 2 % à 3 %). Cette dynamique est locale et s’inscrit dans une
topographie initiale et résiduelle alternant des creux et des bosses
(données fournies par B. Moulin, Inrap Rhône-Alpes-Auvergne, et
J.-L. Brochier, docteur en sciences de la terre et préhistoire).
8. Des prélèvements ont été réalisés par H. Savay-Guerraz (musées
gallo-romains de Lyon-Fourvière et Saint-Romain-en-Gal) pour des
analyses par archéomagnétisme réalisées par Ph. Lanos (UMR 5060
du CNRS : Institut de recherche sur les archéomatériaux). Elles permettront de dater le dernier fonctionnement du four.
matériaux de construction, son caractère imperméable a en
revanche engendré, au fil du temps, l’aménagement de
structures d’assainissement et de drainage dévolues à l’évacuation des eaux de pluie.
LES PREMIÈRES OCCUPATIONS COLONIALES ?
Les vestiges les plus anciens sont localisés au centre de
la parcelle de fouille. Ils se caractérisent par une mauvaise
conservation générale des structures (fig. 3). L’analyse de
la stratigraphie et du plan, alliée à l’étude des mobiliers
archéologiques, a toutefois permis de distinguer plusieurs
séquences d’occupation au sein de cette première phase.
UNE PREMIÈRE FRÉQUENTATION PRÉCOLONIALE ?
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N
point topo
144
point topo
145
sud
nord
124,00 m
123,50 m
a
b
0
1m
Fig. 4 – Le four F40 appartenant à une occupation précoloniale ? (cliché : Archeodunum ; DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
UN PREMIER PLAN D’URBANISME COLONIAL
Après le remblaiement d’une partie du site, on observe
au nord de la parcelle l’installation d’un ensemble de
tranchées (séquence 2) (fig. 3). La première (F143), reliée
à F142 au sud (fig. 5), a été repérée sur une distance de
2,10 m seulement, mais son tracé se poursuit au-delà de
l’emprise de la fouille. Elle est orientée au N23°E. La
seconde (F142) est conservée sur 6,90 m. Les creusements
de ces tranchées possèdent un profil rectangulaire, large en
moyenne de 0,50 m pour une profondeur de 0,30 m. Leur
comblement argileux légèrement noirâtre apparaît relativement homogène. Ces deux tranchées peuvent correspondre
soit à des vestiges de murs récupérés, soit à des négatifs de
sablières. Le profil rectangulaire des creusements, ainsi que
le plan orthonormé, orientent en effet l’interprétation vers
des vestiges de bâtiments. Ceci d’autant plus que des niveaux
de sols et de remblais leur sont directement associés. Ces
espaces sont constitués de fines couches argileuses indurées,
dont le sommet est légèrement caillouteux et relativement
riche en mobilier : fragments de céramiques, ossements
animaux. Des traces de foyers et de terre rubéfiée ont
également été identifiées dans certains secteurs. Leur localisation précise au nord de F142 et à l’ouest de F143 semble
matérialiser un espace interne au bâtiment. Une troisième
tranchée (F146) est localisée plus à l’est. Le creusement est
peu profond (0,30 m) et présente un profil en cuvette très
évasé. Son tracé est visible sur une distance d’environ 6 m
et se poursuit au nord de l’emprise de fouille. Son interprétation reste plus énigmatique.
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À cette série de tranchées succède une série de maçonneries d’orientation similaire, également associée à des
niveaux de circulation (séquence 3) (fig. 3). Malgré le
caractère ténu des vestiges, ces structures dessinent un
plan organisé et orthonormé. Au nord de la parcelle, deux
murs en partie détruits, d’une largeur moyenne de 0,30 m
et chacun conservé sur environ 2 m, sont liés et forment un
angle droit (F120 et F121). Plus au sud, le mur F126 présente
une orientation similaire à celle de F120, mais apparaît légèrement désaxé par rapport à ce dernier (fig. 6). Il semble
difficile de les relier en une seule structure. Néanmoins,
F126 présente un meilleur état de conservation et son tracé
est visible sur une longueur de 3,50 m. Au sud-est de F126,
une portion de mur de même orientation (F127) apparaît
isolée, repérée sur une longueur de 0,60 m seulement.
Enfin, deux autres maçonneries (F131 et F132), chaînées
à angle droit, ont été observées au centre de la parcelle au
sud de F142. Ces murs de galets liés à la terre se rapportent
très probablement à des restes de solins maçonnés, destinés
à supporter des élévations construites en matériaux périssables (terre et bois). La présence de niveaux de démolition
riches en matériaux de construction (tegulae et imbrices) à
leur périphérie atteste l’existence d’une couverture de tuiles
en terre cuite 9. L’identification de niveaux argileux indurés
renvoie à des sols en terre battue. Ils sont localisés dans
9. Il faut signaler la présence de tuiles à pâte calcaire, dont les profils
précoces apparaissent caractéristiques de la période tardo-républicaine. L’analyse des tuiles a été effectuée par B. Clément dans le cadre
d’un master 2 à l’université Lumière-Lyon-II, dont les principaux
résultats ont été publiés récemment (Clément, 2009).
© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2011
Tiré à part - CNRS Editions
116
TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
Fig. 5 – Les tranchées F142 et F143 creusées
dans le terrain naturel (cliché : Archeodunum).
Fig. 6 – Solin en galets liés à la terre (F126)
(cliché : Archeodunum).
des espaces bien précis, qui pourraient trahir, à l’instar de
la séquence précédente, la présence de sols d’occupation.
L’existence de zones rubéfiées semble une nouvelle fois corroborer cette interprétation.
Une série de fosses, dont la fonction reste variée, se
rapporte également à cette phase (fig. 3). Si aucune hypothèse
ne peut être énoncée pour F44, F151 et F166, d’autres, par
leur morphologie ou leur comblement, semblent moins
énigmatiques. Le profil cylindrique de F133 est caractéristique de celui des puits, d’autant plus que le fond n’a
pu être atteint. Outre la fonction de puiser l’eau dans la
nappe phréatique, cet aménagement a également pu servir
de puisard, dans la mesure où le terrain naturel est assez
imperméable. Les trois fosses F113 (fig. 7), F115 et F123 se
distinguent en revanche par un comblement spécifique. Ces
structures mitoyennes, de plan subcirculaire, présentent un
creusement conique pour l’une et plutôt en forme de cuvette
pour les autres. Leur profondeur atteint 2 m environ. Leur
comblement livre un mobilier archéologique riche et varié :
restes de constructions (tegulae, torchis, etc.), fragments de
céramiques et d’amphores, restes fauniques et objets divers.
Ces fosses dépotoirs concentrent à première vue les restes
des bâtiments détruits lors de la séquence précédente. Les
quantités non négligeables d’argile brun grisâtre attestées
dans leur comblement pourraient ainsi renvoyer à des
vestiges de murs ou de cloisons en terre crue 10. Il serait
alors tentant d’associer ces restes de constructions aux solins
en galets repérés plus au nord. Si rien ne permet de corroborer cette hypothèse, on ne peut pour autant l’écarter.
Une dernière fosse (F149) paraît liée à la démolition d’une
construction pour l’installation de l’état suivant. En effet,
sa morphologie très allongée et peu profonde peut évoquer
le foulage d’argile crue, opération préalable à l’édification
de murs en terre. En revanche, son remplissage organisé,
constitué d’un niveau de blocs de molasse 11 et d’un second
de graviers et galets, montre une volonté de combler soigneusement cette excavation en vue de l’installation des
édifices postérieurs. Quant aux trous de poteau F111 et
F128, aucun élément ne permet de préciser leur fonction.
À l’extrémité ouest de la parcelle, d’importants dépôts
de graviers et galets compactés, très probablement originaires des berges du Rhône en contrebas, sont installés
directement sur le substrat. Ces remblais sont recouverts
par des couches alternant des niveaux argileux très indurés
et des poches de graviers. Leurs caractéristiques plaident
en faveur d’une interprétation comme niveau de circulation composé de plusieurs recharges. Cet espace peut par
conséquent être rattaché à un axe viaire, d’autant plus que
les phases suivantes montrent la présence d’une rue d’axe
nord-sud dans le même secteur. Malgré la mauvaise conservation générale d’une partie de ces vestiges, l’hypothèse
reste probable, mais non démontrée.
Enfin, la partie centrale du site est recouverte par
d’épaisses couches argileuses de couleur verdâtre, correspondant très probablement à la destruction des murs en
10. Les constructions en matériaux périssables, notamment en terre
crue, sont très bien attestées à Valence aussi bien pour l’Antiquité que
pour les autres périodes historiques (Brochier, 2006). L’utilisation de
fosses pour se débarrasser des restes de construction est également
confirmée par l’ethnographie contemporaine (information fournie
par J.-L. Brochier).
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
11. Matériau appartenant au groupe des grès, roche sédimentaire
détritique. Si cette roche semble très résistante à l’écrasement, elle
reste toutefois très fragile à l’érosion mécanique, comme en cas de gel,
ou chimique, notamment celle provoquée par l’action de l’eau.
Tiré à part - CNRS Editions
© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2011
L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
a
124,50 m
ouest
est
correspondre aux vestiges d’un bâtiment incendié. La mise
en place des aménagements postérieurs a vraisemblablement détruit les soubassements maçonnés de cet édifice,
tandis que les remblais de démolition ont servi de niveaux
d’installation à l’état de construction postérieur.
En définitive, cette phase est marquée par une série de
constructions et de destructions étalée sur une période assez
courte, à savoir une vingtaine d’années. Les surfaces de
fouille sont malheureusement trop restreintes pour tenter de
reconstituer l’organisation générale de cette première occupation. Signalons toutefois que les vestiges présentent d’ores
et déjà une orientation sur la grille du cadastre B de Valence
(N23°E), qui sera reprise lors des plans d’urbanisme postérieurs. Si ce réseau cadastral apparaît indubitablement avant
la période augustéenne, le cadastre A, mis en évidence sur le
site de la Préfecture d’après des courts tronçons de fossés, n’a
en revanche pas été repéré lors de la fouille (Réthoré, 1993).
CHRONOLOGIE ET CULTURE MATÉRIELLE
124,00 m
123,50 m
terrain naturel
F113
123,00 m
0
1m
b
Fig. 7 – La fosse dépotoir F113
(cliché et DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
terre des bâtiments décrits précédemment. Dans la partie
occidentale, une couche argileuse, dans laquelle on observe
de nombreux fragments de tuiles, de céramiques et de
graviers, semble constituer les restes effondrés d’un mur en
terre. La présence de charbons dans cette démolition semble
également indiquer l’utilisation de dégraissants végétaux
pour la construction du mur. Il est relativement difficile
de préciser le type de construction mis en œuvre pour ces
murs : briques de terre crue, torchis, terre battue dans un
coffrage type pisé 12 ? Nous reviendrons sur ces modes de
construction lors de la phase suivante. Les très importantes
traces de charbon et de rubéfaction semblent par ailleurs
12. Précisons que le mot pisé s’attache à la technique et non au
matériau, puisque celui-ci est dégraissé aussi bien avec des végétaux
(torchis-pisé) qu’avec des minéraux ou des fragments de terre cuite.
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
117
La première occupation du site correspond aux niveaux
de fréquentation et de démolition de l’habitat le plus ancien.
Le mobilier céramique réunit l’essentiel des artéfacts et
permet, par son abondance relative, de proposer une
datation fiable des vestiges (tabl. I). La vaisselle fine fournit
l’essentiel des marqueurs chronologiques. On observe une
bonne représentation des céramiques à vernis noir (fig. 8,
nos 1 et 2) en provenance d’officines bien connues de l’Italie
républicaine (Morel, 1980) ou assimilées sous la forme
« d’imitations » dans le sud de la Gaule (Arcelin, 2000) et
la moyenne vallée du Rhône (Desbat et al. dir., 1996). Les
vases en présence, assiettes Lamb. 5/7 en campanienne A et
bol Lamb. 1 du « cercle de la B », attestent des importations
de la région de Naples. L’exemplaire en campanienne C est
en revanche originaire des ateliers de Syracuse en Sicile.
Les caractéristiques typologiques et technologiques du lot
permettent de définir un faciès tardif, couvrant les deux
derniers tiers du Ier s. av. J.-C. (Arcelin, 2000). Encore peu
nombreuses d’un point de vue statistique, les premières
productions de sigillée à vernis rouge des ateliers d’Arezzo
font leur apparition. Elles se rapportent à deux formes
du répertoire archaïque, à savoir un bol hémisphérique
guilloché Haltern 14 (Consp. 38.3.1) (fig. 8, no 4) et un
plat à bord oblique Goudineau 1 (Consp. 1.1), toutes deux
apparues dès les années 40 av. J.-C. (Desbat, 2005). Leurs
« imitations » à pâte calcaire et vernis brun-noir non grésé
renvoient également à des formes simples, empruntées
ou dérivées du répertoire ancien des céramiques sigillées
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Tiré à part - CNRS Editions
118
TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
Tabl. I – Quantification des céramiques par phase :
VRP, vernis rouge pompéien.
Catégorie
Fine
Sous-total
Commune
Sous-total
Amphore
Sous-total
Total
Phase 1 Phase 2 Phase 3
NR NMI NR NMI NR NMI
Campanienne
21
6
2
2 –
–
Sigillée italique
6
2
83 20
68 12
Sigillée orientale
–
–
1
1 –
–
Paroi fine
51
8
40
6
48
7
Imitations à pâte calcaire
11
3
11
4
13
4
Engobée
21
2
54
6
8
3
Peinte
11
5 –
–
19
1
Grise fine
61
9
72
6
70
4
Divers
3
2
12
4
18
8
185 37 275 49 244 39
VRP italique
7
4
12
3
1
1
VRP régional
6
1
10
3
3
1
Commune italique
6
2
18
2
1
1
Kaolinitique
11
1
10
2
50
4
Claire calcaire
249 13 268 23 239 17
Modelée grossière
465 41 222 35 235 29
744 62 540 68 529 53
Italie
149
8
54
6
15
4
Bétique
107
4 101
8 201
4
Tarraconaise
7
2
12
2
16
2
Îles Baléares
16
1
3
1 –
–
Gaule
6
2
11
2
63
4
Orient
33
2
51
5
29
2
Afrique
21
1
13
2
7
1
Indéterminé
16
1
18
1
24
1
355 21 263 27 355 18
1 284 120 1 078 144 1 128 110
Production
(assiette Goudineau 1, coupe à bord oblique) ou de la
campanienne (coupelle Lamb. 2) (fig. 8, no 5). Il s’agit des
premières productions rhodaniennes d’inspiration italique,
telles qu’on les connaît par exemple à Lyon dans le fossé
de l’hôpital Sainte-Croix ou sur le site de Saint-Vincent,
où l’on suppose l’existence d’une officine qui pourrait
remonter aux années 60-40 av. J.-C. (Maza, 2001). La
gobeleterie provient exclusivement d’Italie. La typologie
des vases indique de la même manière un horizon ancien,
incontestablement antérieur à la période augustéenne et la
plupart d’entre eux sont identifiables à de hauts gobelets
à fond étroit et bord concave (Marabini 2) ou mouluré
(Marabini 1), dont les parois peuvent être décorées d’épines
ou de picots (fig. 8, nos 6-7). Un dernier exemplaire à petit
bord en bourrelet pourrait se rapporter à une variante du
gobelet d’Aco (fig. 8, no 8), l’absence de conservation du
décor interdisant de trancher. Les céramiques peintes sont
rares, mais montrent encore une suprématie des formes
hautes (pot ou bouteille) (fig. 8, no 9) sur les formes basses
(bol hémisphérique). Les céramiques grises fines produites
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
localement se partagent entre les écuelles à bord rentrant
(fig. 8, no 10) et les bols hémisphériques à bord en bourrelet
(fig. 8, no 13), ces derniers étant ornés de lignes ondées
formant vaguelettes sur la panse, traitement bien connu
durant tout le Ier s. av. J.-C. La découverte de fragments de
lampes et de balsamaires (fig. 8, no 3) apparaît, à bien des
égards, inhabituelle en contexte régional, pour la période
considérée. Il en va de même pour le seul fragment de
verrerie identifié, un bol moulé polychrome mosaïqué
(Is. 1/AR 3.1), décoré de spirales de couleur blanche, bleue
opaque et turquoise 13 (Foy, Nenna, 2001, p. 72-73).
Les céramiques communes dévolues au service, à la préparation ou à la cuisson des aliments se partagent entre les
productions locales et celles importées d’Italie ou du sud de
la Gaule. Ces dernières livrent pour le service des liquides des
cruches à pâte calcaire, caractérisées par une embouchure
étroite et une lèvre striée (Haltern 45) (fig. 9, no 3), ainsi
qu’un mortier de cuisine à petit bord en bandeau (Haltern 59)
(fig. 9, no 2). Ces formes apparaissent caractéristiques de
la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. et sont notamment bien
connues dans les contextes contemporains de la fondation de
la colonie de Lyon (Desbat, 2005). Dès ce premier horizon, on
soulignera la bonne représentation des céramiques de cuisson
fabriquées en Italie dans la région de Naples (Campanie).
On reconnaît en effet les éléments les plus caractéristiques
de la batterie de cuisine romaine de la fin de la République :
patina à vernis dit rouge pompéien et bord rectangulaire, en
bourrelet (fig. 8, nos 11 et 12), ou orlo bifido, cacabus à bord
horizontal appartenant à une variante précoce (fig. 9, no 1),
ainsi que vraisemblablement un deuxième fond de mortier à
pâte volcanique, trahissant une même provenance.
Les céramiques à cuire de tradition indigène sont
toutefois majoritaires en nombre d’individus. Elles apparaissent dominées par les productions non tournées (près
des deux tiers de la catégorie). À la différence des importations, les vases fermés de type pot à cuire sont les plus
nombreux (fig. 9, nos 7-8). Leur forme générale, avec un
bord déversé et un col soigneusement lissé reposant sur un
épaulement plus ou moins marqué, les rattache à la sphère
d’influence méridionale (ollae). On insistera sur l’absence de
traitement décoratif, exception faite d’un fragment d’épaulement montrant un décor d’impressions digitées. La panse
est en revanche systématiquement grattée. La présence d’un
graffito latin (lettre R) gravé sur le col est également à noter
(fig. 9, no 8). Les formes à col côtelé dans le prolongement
13. L’étude du verre a été réalisée par L. Robin (doctorante à l’université Lumière-Lyon-II).
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© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2011
L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
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2
3
4
7
5
8
6
9
10
11
12
13
14
0
5 cm
Fig. 8 – Mobilier céramique de la phase 1 (50-30 av. J.-C.) : 1, 2, campanienne ;
3, balsamaire ; 4, sigillée italique ; 5, imitation de sigillée ; 6-8, paroi fine ;
9, céramique peinte ; 10, 13, grise fine ; 11, 12, vernis rouge pompéien (VRP).
Instrumentum : 14, élément de lit en os ; 15, fibule type Alésia (nos 1-12, DAO :
L. Robin, Archeodunum ; nos 14, 15, DAO et cliché : M. Gagnol, Archeodunum).
de la panse, plus caractéristiques de la région lyonnaise et
de la basse vallée de la Saône, sont ici très largement minoritaires. Les formes ouvertes sont moins bien représentées,
mais révélatrices de nouveaux modes de cuisson d’inspiration méridionale, avec des plats à bord courbe, reposant
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
15
0
5 cm
parfois sur trois tenons coniques, des marmites tripodes et
des jattes-écuelles à bord rentrant (fig. 9, nos 4-6). Les productions voconces à pâte kaolinitique, bien connues pour
leur résistance au passage au feu, livrent également un pot
à cuire à col côtelé et petite panse globulaire (fig. 9, no 9).
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120
TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
1
3
2
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6
5
7
8
9
10
11
0
5 cm
Fig. 9 – Mobilier céramique de la phase 1 (50-30 av. J.-C.) : 1, commune italique ;
2, 3, commune claire calcaire ; 4-11, commune grise non tournée (DAO : L. Robin, Archeodunum).
La batterie de cuisine se compose encore d’une dizaine de
couvercles de différents modules (fig. 9, nos 10 et 11).
Le faciès du mobilier amphorique, caractérisé par l’importation de nombreux produits en provenance du pourtour
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
méditerranéen, renvoie de la même manière à la seconde
moitié du Ier s. av. J.-C. La place occupée par les amphores de
l’Italie républicaine (Dressel 1) est à souligner (42 %). Sans
surprise, la plupart se rattachent à leur variante la plus tardive
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
échelle 1
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échelle 1
2
1
0
5 cm
3
Fig. 10 – Mobilier céramique de la phase 1 (50-30 av. J.-C.) : amphore italique (DAO : L. Robin, Archeodunum).
de type Dressel 1B (Maza, 1998), quasiment exclusive jusque
dans les années 50-40 av. J.-C. (Desbat, 1998 ; Poux, 1998)
(fig. 10). Elles témoignent de la consommation d’environ
200 litres de vin produit dans les vignobles d’Étrurie méridionale (ager Cosanus), avec des pâtes caractéristiques des ateliers
de Cosa et d’Albinia. L’identification de remplois est manifeste
d’après un col de Dressel 1A découpé (canalisation) et un
tesson de panse grossièrement taillé en rectangle et perforé
(peson ?). Le vin italien occupe une place de choix aux côtés
de produits montrant une plus grande diversité d’origines,
rarement observée dans les faciès contemporains moins
romanisés. Les amphores de la péninsule Ibérique occupent
la seconde place (32 %). De la future province de Bétique
proviennent l’huile (Dressel 20), le defrutum (Haltern 70)
et les sauces de poisson/vin (Dressel 7/11) 14. Le vin de
Tarraconaise apparaît de manière plus discrète (Pascual 1).
Il en va de même pour le vin de la région de Marseille
(Gauloise 2) ou celui, plus lointain, de l’île de Rhodes, ainsi
que pour les produits indéterminés en provenance des îles
Baléares et d’Afrique proconsulaire (sauces de poisson,
vin ?). L’ensemble trouve des comparaisons directes avec les
niveaux de peu antérieurs ou contemporains de la fondation
de la colonie romaine de Lugdunum en 43 av. J.-C. (Lemaître
et al., 1998 ; Desbat, 2005). Contrairement à ces derniers, on
ne dispose malheureusement pas de monnayage pour caler
ce premier horizon en chronologie absolue. La découverte de
deux fibules en alliage cuivreux de type Alésia (fig. 8, no 15)
conforte toutefois une datation comprise entre les années 50
et 30 av. J.-C.
14. De récentes recherches ont démontré de manière tout à fait
convaincante que les amphores Dressel 7/11 découvertes en contexte
préaugustéen et augustéen ont pu, pour au moins une partie, contenir
du vin (Silvino, Poux, 2005).
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
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122
TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
Dans un autre ordre d’idée, les mobiliers archéologiques rattachés aux activités quotidiennes apportent de
nombreuses informations sur la nature des occupants. Les
domaines des soins du corps et de la parure réunissent près
du quart des objets recueillis et témoignent d’une population très romanisée, si ce n’est italique. On mentionnera
la présence d’un miroir en alliage cuivreux, décoré sur le
pourtour de petites perforations semi-circulaires, identifiable grâce à sa patine caractéristique 15. Il s’agit très probablement d’un modèle italique, en tout cas très proche de la
variante B définie par É. Riha (1986, p. 13). À la toilette se
rapporte également une lame de rasoir de section triangulaire en alliage cuivreux. Nous avons vu que les éléments de
parure se limitent à deux fibules à charnière de type Alésia
(Feugère 21a1), dont l’attribution au domaine militaire
est désormais bien assurée, puisque largement diffusées
en Gaule par le biais des troupes romaines (Poux, 2008).
Un clou de chaussure en fer, à tête conique et courte tige
coudée en angle droit, pourrait également se rapporter à un
élément de sandale de légionnaire. La corrosion avancée de
l’objet n’a pas permis de vérifier la présence éventuelle d’un
décor. Une petite clavette à tête de gendarme reste plus
énigmatique (longueur : 62 mm, section de la tige : 5 mm).
Les activités domestiques identifiées renvoient, par
ailleurs, au travail du textile, avec la présence de deux pesons
pyramidaux en terre cuite de métier à tisser. Un exemplaire
possède une croix gravée sur une face, qui pourrait correspondre à un système de repère lors du montage du métier. La
mise en évidence de nombreux déchets de tabletterie (plus
du tiers des objets) est plus inhabituelle, avec notamment des
ossements de cerf ou de bœuf (côte et métatarse) aux extrémités sciées, ayant pu servir à la fabrication de dés à jouer
(Béal, 1983, p. 346, type B1). Les pièces les plus remarquables
se rapportent à deux plaquettes trapézoïdales appartenant à
des éléments cupuliformes (fig. 8, no 14). Ces objets, tournés
dans un humérus de bœuf, étaient utilisés pour la décoration de pieds de lit. Ces plaquettes, assemblées par collage
sur un support en bois et montées côte à côte, constituaient
des volumes en forme de cloche plus ou moins évasée. De
tradition hellénistique, les lits à décor en os, que l’on retrouve
surtout dans le monde funéraire, ont été introduits en Italie
centrale dès la première moitié du IIe s. av. J.-C. Très vite
adoptés par l’élite romaine, ils se sont largement répandus
et restent typologiquement inchangés pendant une période
couvrant la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. et le Ier s. apr. J.-C.
(Holliger, Holliger-Wiesmann, 1993, p. 21). Pour la Gaule,
15. L’analyse de l’instrumentum a été réalisée par M. Gagnol en collaboration avec St. Carrara (Service archéologique de la ville de Lyon).
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
leur apparition est attestée dès l’époque augustéenne (Béal,
1991, p. 310). Le travail réalisé sur ces objets est d’une grande
finesse et pourrait se rapporter, associé aux autres éléments
de tabletterie identifiés, à la présence d’un atelier dans l’environnement immédiat de l’habitat 16. Au domaine immobilier
peuvent enfin se rattacher trois pentures de portes en fer,
trahissant la présence d’huisseries relativement massives.
Cette première occupation livre un lot de faune relativement riche (332 restes) et une liste d’espèces diversifiée,
comprenant la triade domestique classique (bœuf, porc et
caprinés), largement majoritaire en nombre de restes, et au
moins cinq autres taxons. La basse-cour est représentée par
la poule et peut-être par le canard, et des chiens complètent
le cortège domestique. Le cerf et plusieurs espèces d’oiseaux
témoignent de la consommation de gibier. La triade domestique est largement dominée par le porc (54,5 %), suivi par le
bœuf (36,8 %). Les caprinés, parmi lesquels seul le mouton
semble s’individualiser, représentent moins de 10 % de cette
triade. Sans entrer dans le détail de l’étude, cette faune livre
l’image d’une zone où les activités artisanales d’abattage,
de tabletterie et de pelleterie, d’une part, et de consommation, d’autre part, se rencontrent. Divers indices suggèrent
par ailleurs la proximité immédiate des lieux d’élevage des
animaux abattus. D’autres (gibier, animaux jeunes) semblent
indiquer des lieux de consommation privilégiés.
Au regard des éléments évoqués, cet ensemble renvoie
dès à présent l’image d’une population très romanisée, si ce
n’est italique, offrant des parallèles directs avec les niveaux
de fondation contemporains de la colonie de Lugdunum
ou de Fréjus, caractérisés notamment par l’importation
précoce de sigillée italique, de parois fines, de céramiques
communes et d’amphores à vin républicaines de l’Italie
(Desbat, 2005 ; Rivet, 2008).
L’URBANISME COLONIAL AU TEMPS D’AUGUSTE
M ISE EN PLACE D’UN ÎLOT URBAIN
(PHASE 2 : 30-1 AV. J.-C.)
À partir des années 30 av. J.-C., la parcelle (et probablement tout le quartier) connaît une importante phase
d’urbanisme, marquée par la reconstruction complète de
l’îlot avec des fondations de maçonneries de galets liées au
mortier (fig. 11 à 13). Elle s’accompagne de la mise en place
ou du réaménagement de la rue, dont seul le bord oriental
16. Selon J.-C. Béal, les pièces au profil simple et lisse, comme ceux
découverts sur le site, sont le fruit de productions régionales (Béal,
1991, p. 310).
Tiré à part - CNRS Editions
© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2011
N
US 329
F98
F105
F83
F145
F114
US 381
F41
F85
F42
F174
F84
F172
F20
F82
US 267
F171
F136
F157
F138
F137
F130
F137
F87
F107
0
Fig. 11 – Plan des vestiges de la phase 2 (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
N
F83
F174
F85
F84
F20
foyer
F82
F172
cloison
US 267
chaussée
portique
F157
F171
F136
F138
F137
F130
seuil
F137
F87
F107
0
2m
Fig. 12 – Partie occidentale de la domus ouverte sur le portique de la rue : phase 2 (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
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4m
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TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
Fig. 13 – Fondations de la domus profondément ancrées
dans le substrat naturel (cliché : Archeodunum).
a pu être documenté. Les matériaux utilisés pour former
ce niveau de circulation sont variés. Ils se limitent pour le
niveau le plus ancien à une alternance de dépôts de graviers
et de limons, tandis que les dernières recharges sont constituées d’éléments divers, issus de déchets domestiques
et artisanaux (céramiques, amphores, restes fauniques,
etc.). Cette technique, bien attestée en Gaule (Ballet et al.
dir., 2003), présente l’avantage de se débarrasser d’objets
encombrants tout en stabilisant la chaussée. Aucun aménagement lié à l’évacuation des eaux de pluie (caniveau,
fossé latéral ou simple rigole) n’a en revanche été repéré.
La fouille de la rue a montré qu’elle faisait l’objet d’un
entretien régulier, consistant essentiellement à reboucher
les ornières et à recharger la bande de roulement. Pour
cette phase, le rehaussement est visible sur environ 1 m. Sa
largeur n’a pu être évaluée en raison de sa localisation en
limite de fouille, mais elle a été reconnue sur une largeur
minimale de 2,50 m. Si l’on ajoute la largeur du portique,
qui est de 3,50 m, la rue présenterait alors une largeur
minimale de 6 m. À titre de comparaison, la largeur totale
d’un cardo secondaire mis au jour sur le site de la Préfecture
se situerait autour de 8 m au début du Ier s. apr. J.-C.
(Réthoré, 1993). Quant au decumanus, son emprise globale
est de 7,20 m. Les parallèles coloniaux contemporains
peuvent également apporter des éléments de réponse. Sur
le plateau de Fourvière à Lyon, les portions de certaines
rues présentent une largeur totale d’environ 6 m pour
les états 1 et 2 (respectivement 40 et 20 av. J.-C.) (Desbat,
2005, p. 106). Il est intéressant de noter qu’à l’instar de
Valence, la voirie ne livre aucune structure drainante de
type fossé ou canalisation. Ces chaussées présentaient
des modes de construction identiques à l’échelle de la
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
Fig. 14 – Herculanum. Portique constitué de piliers avec des colonnes
engagées en brique et surmonté d’un étage (d’après Petit, Brunella dir.,
2005, p. 108).
ville, avec l’utilisation de recharges de graviers, associées
à des rejets domestiques et artisanaux, parmi lesquels la
présence d’ossements animaux évoque la proximité d’une
aire d’abattage (Réthoré, 1993). L’orientation de la rue
s’intègre parfaitement dans le cadastre B de Valence. Elle
reprend, en effet, celle déjà repérée dans la première phase,
à savoir N23°E. Cette rue correspond à un cardo secondaire
de la trame urbaine et infirme la première proposition de la
grille du réseau viaire, qui plaçait cet axe au milieu du site
(id.) (fig. 33). Cette artère borde à l’est un trottoir au sol de
terre battue abrité par un portique réservé à la circulation
des piétons et à la desserte des édifices riverains. Les piliers
du portique sont équidistants d’environ 2 m. Ils reposaient
sur des dés rectangulaires en molasse sous lesquels étaient
construites de puissantes fondations maçonnées (galets de
gros module noyés dans un mortier jaune riche en chaux).
Leur plan rectangulaire (0,50 m x 0,80 m), allié à la découverte de plusieurs quarts de colonne en terre cuite, semble
attester l’utilisation de piliers avec des colonnes engagées
en brique, d’un modèle bien connu en Italie, et plus précisément à Pompéi et à Herculanum (fig. 14). Les dimensions
des bases des colonnes du portique demeurent importantes.
Elles auraient permis de supporter une grande charge et
autorisent à restituer l’existence d’un portique surmonté de
un ou deux étages. La différence de niveau entre le trottoir
et la chaussée est ici perceptible. Entre les bases de piliers, le
trottoir était limité par un petit muret qui servait à conforter
la dénivellation.
Cette galerie fonctionnait avec une domus à l’est, dont les
soubassements, soigneusement construits en maçonnerie de
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
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N
atelier-boutique
chaussée
?
portique
atelier-boutique
0
5m
Fig. 15 – Restitution de la domus : phase 2
(DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
galets, ont été mis en œuvre d’un seul jet en même temps
que les fondations des bases de piliers. Les murs sont
édifiés à l’aide de galets décimétriques noyés dans un
mortier jaune, riche en chaux et très compact. Leur largeur
moyenne est de 0,60 m, pour une profondeur maximale
égale. Ces tranchées étroites recoupent les niveaux sousjacents jusqu’au substrat naturel (fig. 13). Si les dimensions
repérées sont de 24,40 m de long pour une largeur de
13,40 m, cette maison se développe sur une parcelle large
de 18 m (61 pieds) restitués pour une longueur de 25 m
(82 pieds), soit sur 450 m2 (fig. 15). Les restes de l’édifice
présentent, par ailleurs, un état de conservation assez limité.
La plupart des structures sont arasées ou récupérées, ce qui
constitue un handicap certain pour reconstituer le plan
exact de la domus. Les réaménagements postérieurs ont
en effet détruit les vestiges de l’organisation interne de la
maison à cette époque. Les vestiges conservés permettent
toutefois plusieurs remarques. Si la plupart des maçonneries
d’élévation ont été spoliées, il est tout de même possible de
préciser les modes de construction mis en œuvre. La mise
au jour de couches argilo-limoneuses de couleur vert-gris
et de limons jaunes, originaires respectivement des berges
du Rhône et des plateaux valentinois, confirme l’existence
d’une construction aux murs de terre et à toiture de tuiles,
puisque ces matériaux composaient l’essentiel des couches
de destruction. Les briques crues (adobes) étaient peut-être
associées à des cloisons de torchis. On peut également soupçonner l’utilisation de la technique du pan de bois, hourdé
de briques crues ou de matériaux mixtes, qui se développe
au détriment des constructions entièrement en adobe, en
raison notamment de la construction d’étages, comme on
peut notamment l’observer au Ier s. apr. J.-C. à Lyon (Desbat,
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
Fig. 16 – Exemple de mur en pisé sur solin à Ampurias, Espagne
(cliché : T. Silvino, Archeodunum).
Fig. 17 – Seuil de la domus : phase 2 (cliché : Archeodunum).
2007). Cette technique est également avérée à Valence, sur
le site de la place des Ormeaux (Gabayet, 2004). La mise en
évidence de restes de mortier et de galets dans les tranchées
d’épierrement permet d’autre part de confirmer la présence
de solins de maçonnerie, sur lesquels les murs en terre reposaient, comme on peut toujours remarquablement le voir à
Ampurias en Tarraconaise (fig. 16).
En ce qui concerne l’organisation interne de la domus, on
pénétrait dans la maison par un couloir large de 2,50 m. Le
vestibule était ainsi divisé en deux espaces identiques séparés
par un seuil maçonné (fig. 17). Cette division du vestibule
peut laisser supposer l’existence d’un porche ouvert sur la
voie publique, avec une entrée en retrait. Ce type de vestibule
se retrouve dans d’autres maisons attestées dans des colonies
romaines, comme à Lyon sur le site de la Solitude (Gruyer,
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126
TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
Fig. 18 – Coupe stratigraphique de l’atelier-boutique nord (cliché : D. Tourgon, Archeodunum).
1973) ou encore à Cosa en Italie (Brown, 1960) (fig. 28). À
partir de ce seuil, on accédait au centre de la domus. De part
et d’autre du couloir, deux pièces rectangulaires de plan
identique déterminaient deux ateliers-boutiques au sol de
terre battue, et ouvrant probablement sur le trottoir sous
portique. Les façades de ces pièces n’ont pas de fondation.
Seule une maçonnerie constituée de galets et fragments de
tegulae liés à du mortier maigre en chaux a été observée. Ces
pièces ont fait l’objet d’une construction très soignée. Un
remblaiement de graviers et sables originaires des berges
du Rhône a été installé dans tout le secteur, sous-jacent aux
sols de travail argileux de couleur grise montrant un litage
de chaux. L’ensemble de ces couches constituait un niveau
relativement plan destiné à accueillir un lit de galets de
grand module (fig. 18). Sur ce sol, une frette de canalisation
destinée à l’assujettissement en série des tuyaux en bois a été
mise au jour. Un foyer constitué d’une simple tegula recouverte d’argile rubéfiée par le feu et de nodules charbonneux
occupait le centre de la pièce, associé à une cloison qui
divisait l’espace (fig. 19). Son plan et sa localisation face à la
voirie renvoient à un espace artisanal, voire une boutique.
Les sols en terre battue mis en évidence à l’intérieur
de la maison constituent les seules informations concernant son organisation interne. La construction d’aménagements postérieurs a très probablement fait disparaître
les vestiges de cette phase, d’autant plus facilement qu’ils
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
étaient construits en matériaux périssables. Les données
relatives à l’existence d’étages restent en général ténues,
mais la présence de bases rectangulaires assez massives sur
le portique, ainsi que l’identification d’une cage d’escalier
appartenant à la phase suivante, semblent accréditer la
présence d’un ou de deux niveaux supérieurs. La présence
d’un escalier se déduit de l’existence d’un couloir étroit,
sans lien avec les pièces du rez-de-chaussée, de même que
des fondations massives du portique, qui ne se conçoivent
pas comme support d’une simple toiture en appentis, mais
d’un ou deux étages. Il est difficile de confirmer la présence
d’un bassin dès cette époque. Aucune trace de canalisation
destinée à évacuer les eaux recueillies dans cet équipement
n’a d’ailleurs été observée dans ce secteur. Il pourrait s’agir
d’un simple espace ouvert de type cour, comme on peut
le voir dans une maison urbaine de Fréjus, où un atrium
à bassin succède à une cour (Rivet, 1996, fiche no 3).
Ce type d’espace ouvert nécessitait pourtant un système
d’évacuation des eaux de pluie. Il faut attendre la phase
de construction suivante pour connaître véritablement son
organisation.
Au nord de la domus, les vestiges se sont révélés plus
discrets. L’exploration d’une bande de 4 m de large pour
une longueur de 21 m environ a permis de mettre au jour
une série de vestiges, certes relativement lacunaires mais qui
attestent un cloisonnement du secteur par la construction
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
127
véritablement documenté. L’analyse du mobilier appartenant à cette phase confirme la persistance d’un habitat
cossu, sur le modèle des occupations antérieures.
CHRONOLOGIE ET CULTURE MATÉRIELLE
Fig. 19 – Foyer associé à un sol en terre battue de
l’atelier-boutique nord : phase 2 (cliché : Archeodunum).
de murs. Deux espaces distincts se dégagent, avec un sol
en terre battue, associés à un foyer et à un trou de poteau,
vestige probable d’un support de crémaillère. Les terrassements postérieurs limitent également ici les interprétations.
Il est en effet difficile de définir avec exactitude la fonction
de ces espaces : habitat ou atelier ? La partie orientale de
la parcelle ne livre en revanche aucune structure significative. La localisation du site en marge de la ville antique,
notamment près de la limite de l’espace urbain, permet de
suggérer l’existence d’une urbanisation plus lâche dans ce
secteur.
Cette seconde étape se manifeste par une importante
phase d’urbanisme, marquée par la construction complète
d’un îlot urbain, dont la fouille a révélé seulement une
partie. Ce nouveau plan de construction, qui conserve
l’orientation des premiers vestiges (cadastre B), s’articule
autour d’un axe viaire. Ce dernier, localisé à l’ouest de
l’emprise de fouille, présente bien les caractéristiques
d’une rue urbaine. Il reste toutefois difficile de définir le
plan exact de la domus. Seul le plan des ateliers-boutiques
donnant sur la rue, séparés par une entrée, a pu être
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
La construction de la domus prend place au début du
règne d’Auguste. Les éléments chronologiques reposent sur
la découverte de deux monnaies 17 : un demi-dupondius de
Nîmes (groupe 1) très abîmé, dont les frappes remontent
aux alentours de 27 av. J.-C., et un potin dit « aux trois
poissons », daté antérieurement à 52 av. J.-C., très fréquent
sur le territoire lingon.
Le mobilier céramique découvert en association avec
la domus est suffisamment abondant (1 078 tessons et
144 vases) pour mettre en évidence une évolution très
nette des faciès par rapport à la phase précédente (tabl. I).
Le phénomène majeur réside dans une forte augmentation en volume de la vaisselle italique. Elle se traduit par
une disparition quasiment complète des vases à vernis
noir de Campanie (patère en campanienne A tardive,
assiette à bord oblique du « cercle de la B »), au profit de
productions nouvelles (sigillée), désormais importées des
officines d’Italie du Nord (fig. 20, nos 1-8). La composition
du vaisselier renvoie encore, pour une bonne partie du
mobilier, à des formes anciennes du répertoire typologique (plats Goudineau 1/Consp. 1.1 et bols Goudineau 2/
Consp. 7.2.1, plat Goudineau 6/Consp. 10.1.2, bol hémisphérique Haltern 14/Consp. 38.3.1), aux côtés de formes
hybrides (assiette à lèvre en bourrelet ou à bord courbe)
et de types nouveaux (plats, tasse, assiettes des services 1A
et 1B de Haltern) apparus dans les années 40-20 av. J.-C.
La présence d’une estampille radiale illisible, ainsi que la
marque du potier arétin L. Umbricius Scaurus, associé à
son esclave Icarus (OCK 2488), fournissent un terminus
post quem pour les années 30 av. J.-C. Les pièces les
plus récentes se rapportent à deux vases identifiables au
service 1C (Goudineau 17/Consp. 12.3) et au service 4
(Consp. 20.1.1) de Haltern. La présence d’une estampille
au nom de Rasinus (OCK 1623), dont les occurrences
ne remontent pas au-delà de 15 av. J.-C., ou encore d’un
fragment de calice moulé (Drag. 11) oblige à descendre la
datation après 15 av. J.-C. et certainement jusqu’au changement d’ère. L’apparition de sigillée produite dans les
ateliers de la Méditerranée orientale (Eastern Sigillata A) est
également à souligner (fig. 20, no 9). Ces productions sont
17. L’étude du numéraire a été réalisée par R. Nicot (Archeodunum).
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Fig. 20 - Mobilier céramique de la phase 2 (30-1 av. J.-C.) : 1-8, sigillée italique ; 9, sigillée orientale ;
10, céramique peinte ; 11-13, paroi fine ; 14, grise fine ; 15, commune claire calcaire (DAO : L. Robin, Archeodunum).
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
encore rarement attestées en Gaule, exception faite de rares
occurrences à Lyon, Olbia de Provence ou Fos-sur-Mer. Les
productions rhodaniennes à pâte calcaire sont identifiables
à des imitations de sigillée. Les vases à revêtement brun
renvoient de manière habituelle à un faciès plus ancien que
celui contemporain en sigillée (assiette à bord oblique),
tandis que l’on reconnaît plusieurs vases à engobe rouge
(bol à panse courbe, col de lagène) issus des ateliers de
céramique augustéens de Saint-Romain-en-Gal.
La gobeleterie montre également une évolution certaine
qui caractérise plus particulièrement le règne d’Auguste. Les
hauts gobelets républicains à bord concave ont notamment
disparu au profit de formes nouvelles (pot à bord incliné
et panse striée, Rippenbecher, gobelet tonneau) (fig. 20,
nos 11 et 12). On mentionnera encore un gobelet d’Aco, du
décorateur Chrysippus, dont le fragment conservé (pied de
gladiateur) est attribuable à l’atelier de la Muette (Lyon)
ou de Saint-Romain-en-Gal (Desbat, 1985), associé à un
bol hémisphérique à pâte siliceuse (fig. 20, no 13) et aux
premières productions en paroi fine à pâte calcaire. Les céramiques grises fines se diversifient : pots et pichets décorés
de bandes lissées, jatte à profil en « S » (fig. 20, no 14),
imitation de coupelle Lamb. 1, tandis que les bols hémisphériques disparaissent. Les vases peints montrent également
une inversion des proportions entre les formes hautes et
les bols hémisphériques (fig. 20, no 10). On note enfin
une meilleure représentation du luminaire (4 individus),
avec notamment un exemplaire à grenetis Dressel 2 et une
lampe miniature à bec en enclume et décor de grotesque
(fig. 22, no 8). La vaisselle en verre occupe une faible place
au sein du service de table, mais livre une coupe moulée
(type Is. 1/18, AR 3.1) identifiable à la seconde vague des
linear-cut (Grose, 1979), apparue durant le dernier tiers du
Ier s. av. J.-C. et dont la commercialisation est connue sur les
sites littoraux datés de l’époque augustéenne (Roussel-Ode,
2008, p. 693, CAV 2, 6 et p. 953, VAI 1).
Les vases constituant la batterie de cuisine sont les plus
nombreux. La plupart sont déjà connus dans la phase précédente, avec également de bonnes comparaisons avec les
faciès céramiques mis en évidence sur le site de la Préfecture
(Réthoré, 1993). La panoplie de cuisine importée d’Italie
comprend des plats à vernis rouge pompéien (bord rectangulaire, courbe ou en amande) (fig. 21, no 3) et une
marmite à bord déversé, tandis que les productions assimilées d’origine gauloise font leur apparition (fig. 21,
no 4). Un gros pichet et des éléments de bouilloire en pâte
kaolinitique proviennent des proches ateliers voconces.
Les productions locales sont les plus nombreuses, avec les
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
129
habituels pots à cuire à col lissé et panse grattée, parfois
munis d’une carène marquée (fig. 21, nos 5 et 8). Un pot à
bord en amande pourrait constituer une imitation directe
de l’olla italique. Les formes ouvertes sont nettement plus
rares avec des écuelles à bord rentrant et des marmites
tripodes à panse courbe (fig. 21, nos 9 et 10). Les couvercles
sont toujours bien représentés, aux côtés des vases dévolus
au petit stockage (dolia à bord triangulaire) (fig. 22, no 1).
L’évolution des faciès mise en évidence pour la vaisselle
fine est tout aussi perceptible pour les amphores. Le fait
le plus marquant réside dans la baisse importante des
importations italiques (24 % des tessons et 19 % des conteneurs), malgré l’apparition du nouveau type Dressel 2/4
d’époque impériale (fig. 22, no 2), avec pour corollaire
une augmentation des produits importés de la péninsule
Ibérique (43 %) (fig. 22, nos 3-5) : huile et defrutum de la
vallée du Guadalquivir (Dressel 20 et Haltern 70), sauces
de poisson et/ou vin de la région de Cadix (Dressel 7/11,
Dressel 12) et vin de Tarraconaise (Pascual 1, Dressel 28).
Les crus d’Orient prennent également de l’importance
avec des conteneurs importés de la mer Égée (Rhodienne,
Dressel 2/5) (fig. 22, no 7). Des approvisionnements plus
sporadiques sont perceptibles en provenance de la région
de Marseille (Gauloise 2) (fig. 22, no 6). La diversité des
origines est une nouvelle fois soulignée par la présence de
produits indéterminés des îles Baléares et d’Afrique proconsulaire (Dressel 2/4 ou Schone-Mau XXXV ?). Les comparaisons disponibles montrent de fortes accointances avec
les niveaux de Lyon postérieurs à la fondation de la colonie,
avec une même diversité des importations et une disparition
progressive des produits italiques et en particulier du vin
(Lemaître et al., 1998).
Les objets liés à la culture matérielle suggèrent une fréquentation et/ou une présence militaire sur le site. Elle est
assurée par au moins une pièce de militaria correspondant
à une bouterolle, pièce constituant la partie terminale d’un
fourreau de gladius (fig. 22, no 9). Elle se rattache à une
série désormais bien identifiée de bouterolles à terminaison en croissant rattachées à l’équipement légionnaire de
la fin de la République et attestée dans plusieurs contextes
contemporains : Bâle-Münsterhügel, Magdalensberg, etc.
(Poux, 2008, p. 322-323). Un fragment d’anneau de section
circulaire (alliage cuivreux) pourrait également, à titre
d’hypothèse, se rapporter au domaine militaire. Les activités
domestiques ou artisanales renvoient par ailleurs au travail
du textile (peson en terre cuite) et à la mouture des céréales
(meule rotative en basalte). Les traces de métallurgie du fer
font également leur apparition avec près de 1 kg de scories,
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Fig. 21 – Mobilier céramique de la phase 2 (30-1 av. J.-C.) : 1, commune claire calcaire ; 2, commune italique ;
3, vernis rouge pompéien (VRP) ; 4, commune régionale ; 5-10, commune grise non tournée (DAO : L. Robin, Archeodunum).
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Fig. 22 – Mobilier céramique de la phase 2 (30-1 av. J.-C.) : 1, dolium ; 2, amphore italique ; 3-5, amphores de Bétique ;
6, amphore de Marseille ; 7, amphore orientale ; 8, lampe à huile. Instrumentum : 9, bouterolle de fourreau de gladius
(nos 1-8, DAO et cliché : L. Robin, Archeodunum ; no 9, DAO : M. Gagnol, Archeodunum).
constituées d’une accumulation de fer oxydé, d’argile, de
cendres et de charbons de bois, résultant d’opérations de
réduction. Des éléments isolés se rapportent enfin à un
fragment de lame incurvée, une penture d’huisserie, un
élément décoratif en alliage cuivreux (placage de meuble
ou de coffret) et une frette de canalisation en tôle de fer.
Cette dernière atteste en particulier l’existence de tuyaux
en bois, renvoyant à un système d’approvisionnement en
eau potable (Guillaumet, 2003, p. 135).
Quant à la faune, elle reste moyennement riche
(216 restes) mais livre une liste d’espèces diversifiée. En
dehors de la triade domestique classique, qui regroupe
néanmoins l’essentiel du mobilier osseux, on trouve au
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
moins cinq taxons. La triade domestique est largement
dominée par le porc (69,1 %), suivi par le bœuf (24,4 %),
dans des proportions proches de la phase précédente. Un
renard, un lièvre, ainsi que plusieurs espèces d’oiseaux
représentent le gibier, tandis que le canard figure dans les
deux mondes. Cette phase livre une image somme toute
très similaire à celle des niveaux antérieurs. Les traces
d’une activité artisanale variée subsistent, mais l’écho de
la boucherie semble s’éloigner. Divers indices rappellent
toujours la proximité immédiate des lieux d’élevage des
animaux abattus. D’autres (gibiers à poils et à plumes,
animaux jeunes, chien) semblent indiquer la persistance
d’un habitat privilégié à proximité.
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F136
F61
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F60
F168
F134
F90
F130
F93
F137
F87
F107
0
4m
Fig. 23 – Plan des vestiges de la phase 3 (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
Une datation des années 30-1 av. J.-C. se justifie
notamment par la présence de formes augustéennes en
sigillée italique et en parois fines. Une partie du répertoire
renvoie en revanche très certainement à l’horizon sousjacent, avec des formes archaïques et précoces encore majoritaires, que l’on retrouve dans des proportions proches au
sein de l’horizon 40-20 av. J.-C. de « Cybèle » à Lyon, avec
une bonne représentation du service 1B et l’apparition du
service 1C (Desbat, 2005). La présence de types augustéens
classiques (services 4 de Haltern, calice moulé) oblige
toutefois à descendre la datation.
L’ÉVOLUTION DE L’URBANISME COLONIAL
AU CHANGEMENT D’ÈRE (PHASE 3 : 1-15 APR . J.-C.)
Au changement d’ère, un programme de rehaussement
de la parcelle est rendu visible par des remblais mis en place
au sein de la domus, ainsi qu’au niveau des recharges de la
rue. Le plan interne de la maison ne se dessine que grâce
aux tranchées d’épierrements, seuls vestiges observables
de l’organisation spatiale du rez-de-chaussée de l’édifice
(fig. 23 et 24). Si le premier seuil est remblayé, la disposition
de l’entrée subsiste à l’identique, avec un vestibule en deux
parties séparées, qui ouvre probablement sur un espace
à bassin autour duquel sont disposées plusieurs pièces de
fonction indéterminée. Le plan des tranchées conservées
ainsi que la présence d’une canalisation confirment bien
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
la présence d’un bassin collectant les eaux de pluie. Cet
impluvium, constitué de murs assez massifs, était surélevé
afin d’empêcher toute pollution d’origine organique. Il
semble correspondre à un équipement davantage utilitaire
qu’ostentatoire. La mise en évidence de quarts de colonnes
de différents modules dans les niveaux de destruction
postérieurs justifierait l’existence de colonnes en brique
dressées à chaque angle du bassin, destinées à soulager
la portée de son toit, à la manière d’un atrium tétrastyle.
L’exemple le plus proche se situe à Lyon sur le site du
pseudo-temple de Cybèle avec la domus à l’opus spicatum
(Desbat, 2004). Ce bassin était légèrement désaxé et n’occupait pas le centre de l’espace, qu’il est difficile d’interpréter
comme étant un véritable atrium canonique. L’eau tombait
directement du toit des pièces adjacentes. Il est probable,
par ailleurs, que cet aménagement ait repris le tracé d’un
bassin primitif, tout en faisant disparaître les traces du
premier impluvium. Si aucune structure liée à l’évacuation
des eaux n’a été observée, le décaissement important du
secteur pourrait expliquer la disparition éventuelle d’un
système de canalisation. L’eau pluviale ainsi recueillie était
évacuée par une canalisation maçonnée, qui sortait de la
maison pour se jeter dans le réseau public à l’intérieur d’un
réservoir (fig. 26). Si la ville était dépourvue d’aqueducs,
l’approvisionnement en eau de la maison devait constituer une préoccupation majeure. Dans ces conditions, les
toitures de la domus ne servaient pas seulement à protéger
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
F164
N
F83
133
F85
F165
F82
F139
F20
F141
F78
F37
F129
F80
F161
F90
F38
US 404
F157
F136
F172
F134
F90
F130
F137
F87
F107
0
2m
Fig. 24 – Réaménagements de la chaussée et de la domus (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
des intempéries mais constituaient également des surfaces
de recueillement des eaux pluviales, que l’on dirigeait vers
des réservoirs via des bassins et des canalisations. À l’ouest
de ce bassin, un espace étroit et confiné s’apparente bien
à une cage d’escalier, confirmant ainsi l’existence d’un
ou de deux étages. Quant à la pièce qui lui est adjacente,
son caractère lacunaire ne permet pas de déterminer sa
fonction. Concernant les sols et les revêtements, la découverte de fragments d’enduits peints dans les niveaux de
destruction dénote l’existence d’une décoration murale
des pièces. En dehors des sols de terre battue sur le trottoir
(fig. 25) et dans les boutiques, la nature des niveaux de circulation n’est en revanche pas assurée : planchers, dallages
récupérés, sol en dur, etc. Pour les ateliers-boutiques, un
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
réaménagement est attesté dans la pièce nord, avec la
présence d’un foyer en cuvette et d’un fond d’amphore
à huile de Bétique Dressel 20. La réutilisation de ce type
de conteneur est un phénomène récurrent dans l’habitat
antique. Sa forme globulaire constitue en effet une qualité
recherchée dans différents domaines, notamment pour
l’artisanat (Martin-Kilcher, 2003). À Lyon, sur le site du
Clos du Verbe-Incarné, une boutique disposant d’équipements identiques a été interprétée comme un petit atelier
métallurgique (Thirion, 2005).
La chaussée montre la présence de recharges riches
en rejets domestiques et artisanaux, mêlés à des dépôts de
graviers damés, s’appuyant contre un alignement de blocs
en calcaire équarris, disposés entre la chaussée et le trottoir.
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134
TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
Fig. 25 – Trottoir en terre battue sous le portique
(cliché : Archeodunum).
Fig. 26 – Le réservoir F90 (à gauche) alimenté par la canalisation
F141 provenant du bassin de la domus (cliché : Archeodunum).
Un réservoir a par ailleurs été aménagé sur le bord oriental
de la rue, contre le portique. Seule sa partie sud-est a été
observée en raison de la proximité des limites de la fouille.
Cet ouvrage maçonné possède un plan rectangulaire. Il est
construit à l’aide de blocs de calcaire équarris, liés à l’argile
et non pas au mortier de chaux. Seule la partie supérieure
atteste l’utilisation de mortier blanc probablement pour
installer une margelle. Ce réservoir était alimenté en eaux
de pluie par deux canalisations, dont l’une (F141) en provenance du bassin (F90) de la domus (fig. 26). Les piédroits
de cette canalisation, chaînée à l’angle sud-est du réservoir,
sont constitués de fragments de tegulae liés par du mortier
jaune. Le canal est également formé de tegulae complètes
posées à plat. La seconde canalisation (F165) est localisée
au nord-est et possède une orientation nord-est/sud-ouest.
Elle se compose de piédroits maçonnés à l’aide de moellons
de calcaire liés à du mortier gris, reposant sur un canal
constitué de tegulae. Sa fonction dans la collecte des eaux
se déduit d’une gouttière formée en partie par une imbrex,
installée sur le dé en molasse du pilier. Si la présence d’eau
est avérée dans cet ouvrage par la mise au jour de deux
canalisations, l’absence de tout mortier d’étanchéité sur
les parois pose problème dans l’hypothèse d’une citerne.
Lors de la réalisation de la coupe de cet ouvrage, un
espace régulier de 0,05 m de large a été mis en évidence
entre le parement interne de chaque mur et le comblement du puits, qui pourrait correspondre aux traces d’un
cuvelage en matériau périssable, type bois. L’étanchéité
pouvait également être assurée par des joints de plomb
ou par des cordons d’argile placés dans une rainure entre
les pierres (Leveau, 1996). Si la présence de cuvelage
n’était pas attestée, on pourrait considérer cet ouvrage
comme un réservoir permettant, dans un premier temps,
d’évacuer graduellement l’eau par le fond à la manière
d’un puisard. En effet, la mise en place de cette structure
se justifierait par le caractère imperméable du substrat
naturel qui empêche une évacuation efficace des eaux de
pluie. Cet équipement permettrait également de constituer
une réserve d’eau pour la consommation quotidienne des
riverains. L’alimentation en eau de la colonie de Valence
reste encore aujourd’hui un dossier mal documenté.
Ces deux hypothèses ont également été énoncées pour
un aménagement de type similaire mais de période différente, localisé près du groupe épiscopal de Grenoble
(Baucheron et al., 1998, p. 62-63). Quoi qu’il en soit, les
besoins d’évacuation des eaux de pluie, notamment de
celles de la domus, nécessitaient obligatoirement toute une
série d’aménagements, dont ce réservoir faisait partie. En
effet, ces systèmes ont pour fonction principale d’évacuer
les eaux de pluie et non pas les eaux usées. La décision
de lotir étant première, la maison privée prenait place
dans le cadre collectif d’un ensemble urbanistique de
type colonial. Dans ce cas, la gestion des eaux pluviales
était sans doute prévue dès le plan originel. Évacuer les
eaux concentrées par le processus de lotissement était une
préoccupation essentielle (Leveau, 1996). La présence de
cet équipement sur la voie publique semble cependant
limiter le passage, du moins sur le bord oriental. Si la rue
était véritablement étroite, elle empêchait toute circulation charretière. Ce changement de fonction des rues, qui
de charretières devinrent exclusivement piétonnières, est
également attesté à Lyon, où deux fontaines étaient installées à des emplacements singuliers, au carrefour de deux
rues (Thirion, 2005).
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
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N
réservoir
atelier-boutique
bassin
cage d’escalier
canalisation
chaussée
portique
atelier-boutique
0
5m
Fig. 27 – Restitution de la domus : phase 3 (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
Cette phase de construction permet de connaître plus
précisément le plan de la domus (fig. 27). La présence d’un
bassin au centre de l’espace interne ne permet pas vraiment
de classer cette maison parmi les modèles à atrium, comme
certaines villes gauloises ou italiques peuvent en présenter.
Néanmoins, elle s’insère pleinement dans le schéma des
maisons coloniales, notamment celles de Lyon (fig. 28).
Les fouilles du pseudo-sanctuaire de Cybèle et du Clos du
Verbe-Incarné ont en effet livré des plans de domus à bassin
central qui, par certains aspects, se rapprochent de celui
de Valence (Desbat, 2005 ; Thirion, 2005) : chronologie,
disposition des boutiques, étage, portique, colonnes de
brique, fondations maçonnées de galets, murs en terre,
etc. Sur le site de la Solitude, toujours à Lyon, des fouilles
anciennes ont mis au jour les vestiges d’une maison dont
le plan présente des similitudes certaines. L’entrée est
constituée d’un vestibule séparé en deux parties par un
seuil qui ouvre sur un espace à bassin légèrement désaxé,
autour duquel sont disposées plusieurs pièces de fonction
indéterminée (Gruyer, 1973, p. 459). Ce type d’entrée
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
est également visible dans une maison de Cosa en Italie
(Brown, 1960). Pour les dimensions générales, la moyenne
lyonnaise pour cette période se situe entre 200 m2 et
300 m2 (Desbat, 2004 et 2005) contre 450 m2 à Valence.
Cette dernière rejoint certaines maisons de Fréjus dont la
superficie atteint 462 m2 (place Formigé) (Rivet, 1996, fiche
no 3). En termes d’organisation de la façade, le parallèle
mérite d’être fait avec Pompéi et Herculanum à l’époque
impériale. Dans les rues principales commerçantes, où les
locaux de façade correspondent souvent à des boutiques,
les auvents, les balcons et les étages en surplomb créent une
couverture des trottoirs, comme c’est notamment le cas
pour la célèbre casa a Graticio (maison à pans de bois), avec
ses colonnes de brique. Les boutiques sont généralement
de dimensions réduites et dotées de sols en terre battue,
comme à Lyon ou, plus au nord, à Bliesbrück (Desbat, 2004
et 2005 ; Thirion, 2005 ; Petit, Brunella dir., 2005, p. 101).
Très répandues dans les villes de Gaule et des Germanies,
elles sont omniprésentes à Pompéi et à Herculanum. Elles
pouvaient se caractériser par la présence d’un système de
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1
3
2
hortus
cellam
culina/lavatio
tablinum
bassin
œcus
citerna
cavædium
cavaedium
cubiculum
fauces
cuisine
cubiculum
cubiculum
seuil
vestibulum
égout
4
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6
0
10 m
Fig. 28 – Exemples de domus : 1, Valence, rues d’Arménie et Bouffier ; 2, Fréjus, place Formigé (d’après Rivet, 1996) ; 3, Lyon, la Solitude
(d’après Gruyer, 1973) ; 4, Lyon, Clos du Verbe-Incarné (d’après Delaval, 1995) ; 5, Lyon, pseudo-temple de Cybèle (d’après Desbat, 2004) ; 6, Cosa, Italie
(d’après Brown, 1960) (DAO : D. Tourgon, Archeodunum).
vantail reconnaissable à son seuil caractéristique. Il s’agissait très certainement d’habitats d’artisans ou de commerçants associant des locaux professionnels ouverts sur la rue
et des logements en retrait et/ou à l’étage 18.
Concernant les secteurs adjacents de la domus, l’exiguïté
du secteur nord ne permet pas d’étayer la réflexion et
d’interpréter correctement les vestiges. On peut néanmoins
noter une canalisation de construction simple, remployant
18. À Pompéi, les boutiques et les pièces d’habitation de la maison de
M. Holconius (VII, 4, 37) relèveraient de deux propriétaires différents
(De Albentiis, 1990, p. 167-168).
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
des imbrices et des tegulae, d’orientation nord-sud. Elle
est associée à un sol en terre battue aménagé à l’aide de
fragments de céramiques et surtout d’amphores et de tuiles.
L’absence de fondations maçonnées ne semble pas accréditer l’existence d’une seconde maison, mais plutôt d’un
espace construit à vocation plus artisanale que résidentielle.
Quant au secteur oriental, l’absence de vestiges pourrait
orienter l’interprétation vers un secteur de la ville lâche
en bâti, dans la mesure où la parcelle se situe proche de la
limite urbaine. Il pourrait également s’agir d’une zone de
jardins appartenant à la domus.
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échelle 1
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11
0
5 cm
12
Fig. 29 – Mobilier céramique de la phase 3 (1-15 apr. J.-C.) : 1-7, sigillée italique ; 8, 9, paroi fine ;
10, commune claire calcaire ; 11, vernis rouge pompéien (VRP) ; 12, commune grise non tournée (DAO : L. Robin, Archeodunum).
CHRONOLOGIE ET CULTURE MATÉRIELLE
Après une durée de vie d’environ une génération, la
domus fait l’objet de restructurations importantes autour du
changement d’ère. L’élément le plus marquant des faciès
céramiques réside dans l’apparition des formes classiques
de sigillée : service 2 et service 1C de Haltern (fig. 29, no 4).
L’absence de productions en sigillée des ateliers sud-gaulois
est encore à noter. Les vases en provenance des ateliers
arétins livrent des formes appartenant au répertoire précoce,
aux côtés de types augustéens classiques (assiettes et bols des
services 1C et 2) (fig. 29, nos 1-7), bien connus sur les camps
du limes, et d’exemplaires plus anecdotiques des services 3
et 4. Un bol à bord mouluré (Consp. 15) porte l’estampille
L. Annius, datée entre 10-7 av. J.-C. et 10 apr. J.-C. (Oxé et al.,
2000, no 164). Un bol à haute paroi verticale Goudineau 20
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
(Consp. 26.1.2) et une estampille CN ATEI(VS) confirment
une datation dans la seconde moitié du règne d’Auguste. Les
gobelets à boire semblent désormais provenir des ateliers
de la Muette (gobelet à bord en bandeau Mayet 2, gobelet
tronconique, bol hémisphérique). Un gobelet d’Aco porte
une frise foliacée signée du potier T. Cavius, dont la production couvre les années 15 av. J.-C./10 apr. J.-C. (Desbat et al.
dir., 1996). On reconnaît encore plusieurs vases engobés
(gobelets type Beuvray, bol à bord oblique) fabriqués dans
les ateliers augustéens de Saint-Romain-en-Gal (fig. 29,
nos 8 et 9). Les imitations à vernis noir se caractérisent par
un emprunt aux formes les plus anciennes de la sigillée
italique (plat ou coupe à bord oblique), tandis que leurs
homologues à vernis orangé se rapportent de manière habituelle à un faciès plus récent (assiette et tasse du service 2
de Haltern). La céramique peinte livre un unique bol de
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Fig. 30 – Mobilier céramique de la phase 3 (1-15 apr. J.-C.) : 1, 2, commune grise non tournée ;
3, amphore sud-gauloise ; 4-6, amphores de Bétique ; 7, amphore de Tarraconaise ; 8, brûle-parfum (DAO : L. Robin, Archeodunum).
Roanne et les productions grises fines présentent plusieurs
formes déjà connues dans les horizons précédents (pot de
petit module, pichet à col tronconique, bol hémisphérique
à décor de baguette). Le luminaire se maintient (quatre
exemplaires à volutes) et apparaît associé de manière plus
anecdotique à un balsamaire en terre cuite, un brûleparfum à décor festonné (fig. 30, no 8) et un fragment
moulé se rapportant vraisemblablement à une figurine en
pâte calcaire.
La part des céramiques communes est de manière habituelle majoritaire (près de la moitié des tessons et des vases).
Les proportions entre les différentes catégories sont proches
d’un horizon à l’autre et témoignent d’une batterie de
cuisine solidement établie. Le service des liquides comprend
plusieurs cruches montrant une grande diversité typologique
(col étroit à bord en bandeau ou triangulaire, à embouchure
large et lèvre striée). Deux pots dévolus au petit stockage,
une jatte à bord en bandeau et bec verseur pour la préparation des aliments et deux couvercles complètent le répertoire
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
morphologique. Les mortiers renvoient une nouvelle fois au
type en bandeau Haltern 59 (fig. 29, no 10), avec notamment
un exemplaire précoce muni de cordons digités sur le bord,
bien connu dans les contextes méridionaux comme Lattes ou
Narbonne. On note également l’apparition d’un exemplaire
à bord horizontal légèrement pendant. Les pots à cuire
produits localement réunissent plus de la moitié des vases
(28 individus). La plupart se rapportent à des pots à cuire
à bord déversé, col lissé et panse grattée, déjà connus par
ailleurs (fig. 30, no 1). On voit en revanche l’apparition d’une
variante à col court caractérisée par un épaulement caréné
« surélevé » ou d’une autre à anse soudée à la lèvre (fig. 30,
no 2). Les différentes formes ouvertes (marmite tripode à
bord courbe, plat à bord courbe, jatte à bord mouluré) sont
représentées dans des proportions identiques aux horizons
précédents. Le répertoire des productions à pâte kaolinitique
se diversifie avec en sus des bouilloires à col tréflé et un plat à
bord courbe associé à deux couvercles. Ces derniers sont une
nouvelle fois représentés en nombre, avec sept exemplaires.
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© CNRS ÉDITIONS, Paris, 2011
L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
Le faciès du mobilier amphorique confirme l’évolution
mise en évidence précédemment. Les produits importés
de Bétique sont nettement majoritaires (61,1 %) (fig. 30,
nos 4-6) : saumures ou vin (Dressel 7/11), huile (Dressel 20)
et defrutum (Haltern 70). Les amphores vinaires Pascual 1 de
la province de Tarraconaise se maintiennent (fig. 30, no 7).
Les productions italiques restent par ailleurs à des niveaux
très bas (4,2 %), représentées par des types impériaux
(Dressel 2/4) et républicains (Dressel 1B). Pour cette phase,
les Dressel 1 sont par ailleurs clairement en position résiduelle. Les amphores gauloises à fond plat de Marseille
ou de sa région (Gauloise 2) prennent leur véritable essor
(17,7 %) ; elles sont associées à une probable imitation de
Dressel 1B (fig. 30, no 3), telle que l’on en connaît au sein
des ateliers augustéens de Saint-Just-d’Ardèche ou encore de
Lyon. Les amphores de la mer Égée (rhodienne, Dressel 2/5),
d’Asie Mineure (Cnide) ou d’Afrique proconsulaire (type
indéterminé) soulignent une nouvelle fois la diversité des
importations, dont l’éventail couvre l’ensemble du bassin
méditerranéen. Des comparaisons probantes sont possibles
avec les niveaux contemporains de Lyon et de Saint-Romainen-Gal (Desbat, Martin-Kilcher, 1989 ; Lemaître et al., 1998).
L’instrumentum rattaché à la vie quotidienne est peu
abondant pour cette phase. Il permet toutefois de reconnaître une occupation domestique, grâce notamment à une
meule en basalte (mouture) et à un peson de terre cuite
(tissage). On mentionnera également un crochet en fer de
section carrée et un fragment indéterminé constitué d’une
tôle repliée. Les activités métallurgiques sont enfin attestées
par environ 400 g de scories de fer vitrifiées.
La faune est peu abondante (146 restes), mais livre
toujours une liste d’espèces relativement diversifiée. En
dehors de la triade domestique classique, largement prépondérante, la basse-cour est représentée par la poule. Le
cerf et le lièvre dénotent la consommation de gibier, tandis
qu’un bucarde montre des liens avec la mer. Les proportions au sein de la triade domestique évoluent au profit
du bœuf, qui fait ici jeu égal avec le porc, tandis que les
caprinés dépassent 10 % du total. Toutefois, le faible effectif
en jeu ne permet pas d’aller au-delà du constat. Une légère
évolution dans l’occupation du site par rapport aux deux
phases précédentes se fait sentir. Les indices d’une activité
de tabletterie subsistent, les veaux font leur retour, ainsi que
les agneaux, rappelant à nouveau la proximité immédiate
des lieux d’élevage des animaux abattus, tandis que le porc
ne semble plus être élevé et abattu sur place. Les témoignages de consommation de biens coûteux se font plus rares
mais subsistent néanmoins.
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
139
LA DOCUMENTATION LITTÉRAIRE
ET ÉPIGRAPHIQUE : LE STATUT
ORIGINEL DE VALENCE
Les nouvelles données archéologiques provenant de
l’opération de la rue d’Arménie peuvent être mises en
parallèle avec un réexamen complet du dossier épigraphique et littéraire relatif à la colonie de Valence. L’intérêt
de l’exercice est de confronter la datation des plus anciens
niveaux archéologiques aux hypothèses anciennes et
nouvelles concernant l’histoire institutionnelle de la civitas.
Aucun texte antique ne livre d’informations précises
sur le statut originel de la cité de Valence, dont nous savons
seulement avec certitude qu’elle fut colonie romaine. Pline
l’Ancien (NH, III, 36) et Ptolémée (Géographie, II, 10, 13)
signalent cet état sans donner de détails sur la date de sa
fondation et sur le statut qu’elle avait à ses débuts. Or, si
l’archéologie peut fournir de précieuses données sur les
débuts de la présence romaine à Valence et sur les évolutions
urbaines du chef-lieu de la civitas, l’histoire institutionnelle
de la colonie demeure presque entièrement dépendante des
sources textuelles. Bien évidemment, ces dernières n’ont
pas été négligées par les chercheurs, qui les ont diversement
interprétées. Les principales hypothèses ont consisté à
reconnaître en Valence une fondation césarienne ou augustéenne, dont le statut initial aurait été celui de cité pérégrine,
de colonie de droit latin ou de colonie de droit romain. Dans
la bibliographie la plus récente, l’hypothèse d’une colonie
césarienne de droit latin antérieure à la colonie romaine
a généralement été privilégiée, avec toutes les précautions
de rigueur (Christol, 1993, p. 278, n. 9 ; 1999, p. 17, n. 42
et p. 22 ; 2009, p. 322 et p. 324 ; Raepsaet-Charlier, 1998,
p. 146). Mais le dossier des origines de Valence n’a jamais
été vraiment étudié en détail et pour lui-même. Ainsi et
en l’attente de la découverte de nouveaux documents qui
pourraient grandement contribuer à l’avancée des connaissances (songeons, par exemple, à l’apport d’une inscription
livrant la titulature de la cité), il semble légitime de revenir
sur un corpus constitué de textes anciennement connus,
mais qui permettent encore de formuler des hypothèses
nouvelles. Ce réexamen est nécessairement centré sur deux
pièces maîtresses du dossier : une inscription en l’honneur
de L. Nonius Asprenas et le texte de Pline l’Ancien relatif à
l’énumération des colonies romaines de Narbonnaise.
Le premier de ces documents, découvert à Valence
en 1869 durant la démolition des remparts de la ville, fut
presque aussitôt perdu. Fort heureusement, Auguste Allmer
eut le temps d’examiner le texte gravé sur un bloc de
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TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
calcaire incomplet à gauche (Allmer, 1869 et 1889). Repris
une vingtaine d’années plus tard par Otto Hirschfeld (CIL,
XII, 1748), il peut être établi 19 de la manière suivante :
[L(ucio) Non]io L(uci) fil(io) / [Asp]renati, pro p[r(aetore)]. /
[C]oloni et incolae, / patrono.
« À Lucius Nonius Asprenas, fils de Lucius, propréteur.
Les colons et les incolae, à leur patron. »
Il s’agit d’une inscription en l’honneur d’un patron
(dont une statue devait être fixée sur le bloc), gravée à l’initiative des coloni et des incolae, sur lesquels nous reviendrons.
Malgré la perte d’une large partie de sa dénomination, le
personnage honoré était assurément un représentant de la
famille des Nonii Asprenates. Probablement originaire du
Picenum, cette gens réussit à intégrer les élites sénatoriales
à la fin de la République et au début de l’Empire (VogelWeidemann, 1982, p. 603). Plusieurs de ses membres s’appelèrent L. Nonius Asprenas et assumèrent des responsabilités
importantes, entre le milieu du Ier s. av. J.-C. et le milieu du
Ier s. apr. J.-C.
Une telle homonymie explique que les historiens ne
se soient pas toujours entendus sur l’identité précise du
patron de Valence. Il semble pourtant possible de proposer
une identification relativement ferme, car le personnage
honoré porta très probablement le titre pro praetore, qu’il
faut associer à la période tardo-républicaine plutôt qu’à
l’époque impériale. Cette fonction a pu être attribuée à un
gouverneur de Gaule Transalpine durant la première moitié
du Ier s. av. J.-C. ou à un délégué des puissants personnages
qui contrôlèrent la région entre la guerre des Gaules et l’avènement d’Auguste 20. En revanche, la province fut théoriquement administrée par des legati Augusti pro praetore entre 27
et 22 av. J.-C., avant que des proconsuls ne dirigent, à partir
de cette date et durant plus de trois siècles, une province
devenue publique et désormais nommée Gaule Narbonnaise
(Pflaum, 1978). Ainsi, le simple titre pro praetore, pour lequel
il existe des parallèles épigraphiques républicains, renvoie
certainement à la période antérieure à 27 av. J.-C. 21 Sa
mention laconique dans l’inscription de Valence paraît bien
s’accorder avec la brièveté du langage épigraphique de la
fin de la République, quand les hommages étaient encore
fort rares en Transalpine, mais à l’heure où le patronat de
19. Pour une discussion détaillée sur l’établissement du texte, voir
Faure, Tran, à paraître a (ILN Valence, 6). Nous avons choisi de mentionner infra les références au futur recueil des ILN Valence (Faure,
Tran, à paraître b).
20. Ebel, 1976, p. 75-102 ; Rivet, 1988, p. 54-83 ; Brennan, 2000, vol. 2,
p. 360-363 et p. 574-581.
21. Badian, 1971, p. 139 ; CIL, I², 719 = CIL, XI, 6331 ; CIL, I², 743
= CIL, XIV, 2218 ; CIL, I², 749 = CIL, VI, 1276, etc.
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
puissants protecteurs sur des communautés locales était
déjà une réalité (Christol, 2006, p. 12).
Cette datation permet de réduire considérablement le
nombre des Nonii Asprenates susceptibles d’avoir reçu les
fonctions de propréteur. Il ne peut plus s’agir que de deux
hommes : l’homo novus, partisan de César durant les guerres
civiles (Bell. Afr., LXXX, 4 ; Bell. Hisp., X, 2) et très probable
consul suffect en 36 av. J.-C. 22, ou son fils, ami d’OctaveAuguste mais qui ne dut pas accomplir une brillante
carrière, sans doute en raison du procès pour empoisonnement qu’il eut à affronter et dont il sortit malgré tout
acquitté, vers 9 av. J.-C. 23 Au vu de leurs cursus respectifs
et pour des raisons de chronologie, il semble plus raisonnable de privilégier la première hypothèse. Une délégation
de pouvoir avec titre de propréteur a pu être attribuée à
L. Nonius Asprenas « père » entre le début des années 40
et celui des années 20 av. J.-C., dans un contexte de crise et
de luttes politiques. Même si les troubles ont entraîné des
entorses aux règles habituelles, il est un peu plus vraisemblable d’envisager une telle fonction avant le consulat d’Asprenas, en 36 av. J.-C. C’est donc très certainement avant
27 av. J.-C., sans doute plus probablement avant 36 av. J.-C.,
qu’il faut dater l’inscription offerte par les coloni et incolae.
Des colons avaient alors été lotis à Valence.
Cependant, il n’est pas tout à fait certain que les coloni,
au sens agraire du terme, aient formé dès cette date une
colonie, au sens municipal du terme. En Gaule méridionale
comme ailleurs, l’État romain semble avoir distribué des
terres indépendamment de toute fondation coloniale à
proprement parler (Chouquer, Favory, 2001, p. 160). Ainsi
s’explique une inscription célébrant une donation à des
coloni et incolae (CIL, XII, 4189), découverte en remploi dans
l’église de Castelnau-le-Lez (l’antique Sextantio) et probablement antérieure à l’attribution de la bourgade à la grande
colonie de Nîmes, aux alentours de 20 av. J.-C. (Barruol,
2002, p. 470 ; Christol, 2003, p. 471 et 2004, p. 351-352 et
p. 357-358). Les coloni de Valence qui honorèrent L. Nonius
Asprenas pourraient s’être trouvés dans la même situation.
Dans ce cas, l’inscription qu’ils firent graver avec les incolae
constituerait un repère, non pas absolu mais relatif, dans
l’enquête sur la fondation et sur le statut originel de la cité de
Valence. Il ne s’agit cependant que d’une hypothèse parmi
22. RE, XVI, 1, 1936, col. 865-866, no 14 ; Broughton, 1952, vol. 2,
p. 287, p. 298, p. 313, p. 399 et p. 428 ; 1986, 3, p. 147-148 ; Wiseman,
1971, p. 244-245, no 274 ; PIR², N, 366.
23. Suétone, Auguste, livre II, LVI, 3 ; Quintilien, Institution oratoire,
livres X, 1, 22 et XI, 1, 57 ; Pline l’Ancien, NH, XXXV, 164 ; Syme, 1986,
p. 70 et p. 315-316.
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
d’autres, auxquelles elle peut d’ailleurs s’articuler pour
partie. Il existe, en effet, trois interprétations principales.
La première hypothèse, faisant de Valence une fondation
de droit romain d’époque impériale, avait été soutenue
par A. Chastagnol (1996, p. 17, et 1997, p. 62-63 et p. 69).
Mais elle ne paraît plus guère tenable, car elle supposait
d’identifier l’Asprenas de Valence à l’un des descendants
du consul de 36 av. J.-C. En outre, A. Chastagnol associait
sans doute de manière trop systématique la formule coloni
et incolae aux seules colonies de droit romain (Chastagnol,
1996). Il est vrai qu’une telle formulation se rencontre
très majoritairement dans les cités de ce rang (voir infra,
p. 141-142), mais il est délicat de considérer qu’elle leur était
réservée (comme en témoignerait l’inscription de Sextantio
et peut-être aussi le cas d’Avenches, dont le statut demeure
incertain ; voir Frei-Stolba, 1999, p. 67-91).
Une deuxième solution serait de voir en Valence une
colonie latine d’époque tardo-républicaine ayant obtenu
le droit romain à l’époque impériale. Cette hypothèse
impose l’examen de la liste plinienne des colonies romaines
de Narbonnaise, insérée par le naturaliste dans sa description générale de la province (Pline l’Ancien, NH, III,
36). Après avoir mentionné Narbonne et Fréjus dans son
tableau du littoral, Pline énumère les colonies sises à
l’intérieur des terres : In mediterraneo, coloniae : Arelate
Sextanorum, Baeterrae Septimanorum, Arausio Secundanorum,
in agro Cauarum Valentia, Vienna Allobrogum. « Dans l’intérieur, des colonies : Arélate de la sixième légion, Béterrae
de la septième, Arausio de la deuxième ; dans le territoire
des Cavares Valence, et Vienne dans celui des Allobroges ».
Aujourd’hui, les spécialistes considèrent que cette liste
suit l’ordre chronologique des fondations 24. Arles serait la
première nommée parce qu’elle fut fondée vers 46-45, avant
Béziers et Orange, vers 36-35 av. J.-C. 25 Vienne, elle, se trouverait en fin de liste parce qu’elle devint colonie romaine
entre 35 et 41 apr. J.-C. (J. Gascou et A. Pelletier dans ILN
Vienne, 1, p. 40). L’accession de Valence au droit romain
se serait donc produite entre la fondation d’Orange et la
promotion de Vienne. Selon les tenants de cette hypothèse,
Pline aurait recopié la formula provinciae établie au début du
règne d’Auguste et mise à jour par la suite 26. La différence
24. Christol, 1989, p. 87 ; 1993, p. 277-278 ; 1994, p. 53-55 ; 1999, p. 17
et p. 22 ; 2009, p. 324 ; Chastagnol, 1997, p. 62.
25. Piganiol, 1962, p. 31-32 ; Chastagnol, 1997, p. 54-55 ; Christol, 1999,
p. 18 et 2009, p. 322-325 ; Roddaz, 2006, p. 42, fixant toutefois l’installation des vétérans de la IIe Gallica à Orange après Actium.
26. Christol, 1989, p. 87 ; 1994, p. 57 ; 1999, p. 22-23 et 2009, p. 319 ;
Chastagnol, 1997, p. 55.
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
141
apparente entre les trois premières colonies, toutes en
rapport avec l’installation de vétérans légionnaires, et les
deux dernières appuierait l’idée d’une césure et d’un ajout
des noms de Valence et de Vienne (Christol, 1994, p. 55).
Cette adiectio, comme il en existe d’autres exemples (voir, par
exemple, Pline l’Ancien, NH, III, 37), serait donc postérieure
à 27 av. J.-C., date supposée de rédaction de la formula. Le
nom de Valence, mentionné initialement dans la catégorie
des oppida latina (Pline, NH, III, 36-37), aurait donc été
transféré dans la liste des coloniae de l’intérieur des terres.
Pour concilier la datation de l’hommage à Asprenas
avec cette interprétation du texte de Pline, il faut envisager
que la cité de Valence, dotée du droit latin à la fin de la
République, fut promue au rang de colonie romaine entre
27 av. J.-C. et 35 apr. J.-C. Une telle promotion est dûment
attestée pour Vienne, qui prendrait logiquement place
avec Valence dans l’adiectio supposée à la formula. Cette
reconstruction permettrait aussi un rapprochement avec
un texte de Suétone, concernant la mission du père de
Tibère en Gaule Transalpine (Suétone, Tibère, IV, 2). Vers
46-45 av. J.-C., Ti. Claudius Nero fut envoyé dans la Provincia
sur ordre de César : ad deducendas in Galliam colonias, in quis
Narbo et Arelate erant, missus est (« il fut envoyé déduire des
colonies en Gaule, parmi lesquelles Narbonne et Arles »).
Nombre de chercheurs estiment que Suétone ne cite pas
nommément les autres colonies fondées, parce qu’elles
étaient d’un statut inférieur aux deux colonies romaines
de Narbonne et d’Arles. Il s’agirait alors de colonies latines
(Goudineau, 1986, p. 173 ; Christol, 1993, p. 278 ; 1999,
p. 17 et 2009, p. 322, n. 30), parmi lesquelles Valence aurait
pu figurer aux côtés de Nîmes et de Digne, ainsi que, peutêtre, de Toulouse et de Vienne (Raepsaet-Charlier, 1998,
p. 146 ; Gascou, 2004, sur le cas très discuté de Vienne).
Sur ce passage se fonde aussi l’hypothèse d’une diffusion
césarienne du droit latin en Transalpine (Christol, 1999,
p. 14-17 et 2009, p. 321-324). Enfin, comme il a été dit
plus haut, il n’est pas impossible d’envisager l’emploi de la
formule coloni et incolae dans une colonie latine. À Valence,
son usage pourrait se comprendre dans un contexte prémunicipal, impliquant une séquence historique en trois temps,
dont les deux premiers seraient antérieurs à 27 av. J.-C. :
lotissement de colons, fondation civique de droit latin,
obtention du droit romain. En outre, la possibilité même
d’une dédicace faite par des coloni et incolae à un moment de
peu postérieur à une fondation latine n’est sans doute pas à
écarter (sur ces points, voir Faure, Tran, à paraître a).
Cependant, c’est bien dans les colonies romaines et
non dans les colonies latines que se rencontre l’écrasante
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142
TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
majorité des mentions de coloni et incolae. Ainsi l’épigraphie
de Narbonne, d’Aoste, de Cordoue, de Carthagène, de
Séville, de Salone ou encore d’Antioche de Pisidie donne
à connaître une série homogène de collectivités de droit
romain, dont l’organisation sociale reposait en grande
partie sur la différence entre coloni et incolae 27. Autres
réserves : il ne subsiste à ce jour à Valence aucune trace
de quattuoruiri, qui étaient les principaux magistrats des
colonies latines de Narbonnaise 28, pas plus que ne figure la
tribu Voltinia, qui aurait pourtant accueilli tous les citoyens
des colonies latines de Narbonnaise, même après l’obtention postérieure du droit romain 29, parmi les quatre tribus
attestées à ce jour dans les épitaphes valentinoises 30. Le
hasard (malchanceux) des découvertes peut encore être
invoqué, mais ces trois remarques incitent à explorer une
ultime possibilité : celle d’une colonie fondée à l’époque
césarienne ou octavienne et dotée directement du droit
romain.
Cette éventualité pourrait être immédiatement écartée
en raison de son incompatibilité avec l’interprétation
chronologique de la liste plinienne, qui impose de placer
l’élévation de Valence au rang de colonie après la rédaction
de la formula provinciale, au début du règne d’Auguste.
Mais n’est-il pas possible d’expliquer l’énumération de
Pline d’une autre manière, susceptible d’influer sur notre
compréhension des origines de Valence ? L’hypothèse d’un
classement alphabétique et celle d’un classement aléatoire
ne paraissant guère pertinentes, une dernière piste reste à
explorer : celle d’un ordre géographique qu’il faut envisager
dans le contexte du Ier s. et non dans celui du XXIe s.
Après Arles, Pline énumère Béziers, Orange, Valence et
Vienne. À l’exception du « crochet » par Béziers, Pline ne
fait rien d’autre que suivre la vallée du Rhône (fig. 31). Mais
ce choix, qui peut étonner aujourd’hui, n’est pas forcément
surprenant si l’on tient compte des réalités antiques. Ainsi,
dans la Géographie de Ptolémée, Béziers est placée au nord
27. CIL, XII, 4333 ; InscrIt, XI, 1, 6 ; CIL, II/7, 283 et 311 ; CIL, II, 3419 ;
CIL, II, 1176 ; CIL, III, 1933 ; AE, 1925, 126 ; Gagliardi, 2006, p. 57-58.
28. Gascou, 1996 et 1997 ; Chastagnol, 1997, p. 63.
29. Christol, 1994, p. 57 et 1999, p. 14-16 ; Chastagnol, 1997, p. 57 et
p. 62.
30. Papiria : AE, 1976, 392 = Blanc, 1982, no 51 = ILN Valence, 20 ;
Pollia (?) : Blanc, 1982, nos 43 et 55 = ILN Valence, 55 (?) ; Sabatina :
AE, 1976, 393 = Blanc, 1982, no 36 = ILN Valence, 11 ; Blanc, 1982,
no 56 = ILN Valence, 52 ; Tromentina : AE 1976, 392 = Blanc, 1982, no 51
= ILN Valence, 20 ; alors que la tribu Galeria apparaît en lien avec des
Lyonnais : CIL, XII, 1750 = Blanc, 1982, no 41 = ILN Valence, 8 ; AE,
1979, 403 et AE, 1981, 624 = Blanc, 1982, no 42 = ILN Valence, 63. Sur
les tribus à Valence, voir Bérard, 2010.
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
N
Lyon
Vienne (35-41 apr. J.-C.)
Valence (46-36 av. J.-C. ?)
Orange (36-35 av. J.-C.)
Arles (46-45 av. J.-C.)
Béziers (36-35 av. J.-C.)
Fréjus (31-27 av. J.-C.)
Narbonne (118 av. J.-C.)
Mer Méditerranée
0
100 km
province de Gaule Narbonnaise
via Domitia (est-ouest) et via Agrippa (sud-nord)
colonie romaine au milieu du Ier s. apr. J.-C.
(46-45 av. J.-C.) : date assurée ou supposée d’accession au rang de colonie romaine
Fig. 31 – Les colonies romaines de Gaule Narbonnaise
au milieu du Ier s. apr. J.-C. (DAO : l’Archéothema).
d’Arles et au sud d’Orange (Ptolémée, Géographie, II, 10)
(fig. 32), ce qui correspond parfaitement à l’énumération
de Pline. De même, les représentations de l’espace en
vigueur aux deux premiers siècles de notre ère perçoivent
la côte du golfe de Lion comme plus « rectiligne » qu’elle
ne l’est en réalité (Goudineau, 1998, p. 314-316). À ces
arguments s’en ajoutent d’autres, tenant à la méthode de
travail qu’a pu adopter Pline.
En tenant compte des modes de description qui s’offraient à Pline, mais aussi des documents qu’il pouvait avoir
à sa disposition, il est possible d’envisager le recours à une
logique géographique et/ou hodographique. La première
partie de sa description de la Narbonnaise suit justement un
ordre géographique. Engagé dans la description du littoral,
Pline opère fréquemment par va-et-vient, de la côte vers
l’intérieur du continent (voir par exemple, Pline, NH, III,
34, quelques lignes avant son énumération des colonies). Au
moment d’entamer sa description de l’intérieur des terres,
Pline a pu choisir de commencer par Arles parce qu’il s’agissait d’un bon point de transition. Ouverte sur la mer grâce
à son port fluvial et en position nodale sur de grands axes
routiers (sur la via Aurelia qui la reliait à l’Italie, sur la via
« d’Agrippa » qui menait à Lyon et à proximité immédiate
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
Lyon
N
Vienne
Valence
Orange
Béziers
Narbonne
Arles
Fréjus
Mer Méditerranée
limite de la province de Gaule Narbonnaise
colonie romaine au milieu du Ier s. apr. J.-C.
Fig. 32 – Carte de la Gaule Narbonnaise d’après la Géographie de
Ptolémée, avec indication supposée des colonies romaines selon les données
du géographe antique (DAO : l’Archéothema, d'après K. Müller).
de la via Domitia, conduisant à Béziers et Narbonne), cette
cité facilitait le passage de la description du littoral à celle
de l’intérieur. Partant d’Arles, Pline a pu choisir de suivre la
via Domitia, encore relativement proche du littoral, jusqu’à
Béziers. Puis il aurait emprunté mentalement la voie qui
longeait le Rhône et qui reliait Arles, déjà citée, à Vienne.
Cette logique géographique et/ou hodographique n’est
pas incompatible avec l’usage de documents administratifs
comme la formula provinciae, éventuellement mise à jour.
Mais si l’auteur fait allusion à une adiectio (récente, car
datant de Galba) dans la liste des oppida latina (Pline, NH,
III, 37), il ne fait pas de même dans son énumération des
colonies.
La réflexion sur la méthode de travail de Pline suggère
encore une dernière remarque. Dans l’ensemble de son
œuvre, notamment dans son énumération des oppida latina
de Narbonnaise (Pline, NH, III, 36-37), le naturaliste cite
souvent des listes alphabétiques, en tenant compte des
seules initiales (digestio in litteras). Ces listes devaient être
tirées de documents administratifs officiels, comme l’auteur
le suggère lui-même (Pline, NH, III, 46). Or au moment de la
rédaction de la formula de Narbonnaise, au début du règne
d’Auguste, il y avait au moins trois colonies romaines dans
l’intérieur des terres : Arles (Arelate), Béziers (Baeterrae) et
Orange (Arausio). La logique administrative, de rigueur
dans la formula, aurait dû conduire à une énumération des
fondations plus naturellement alphabétique que chronologique. Elle aurait alors produit la liste suivante : Arausio,
Arelate, Baeterrae, voire Arelate, Arausio, Baeterrae. Cependant,
l’Histoire naturelle énumère Arelate, Baeterrae, Arausio, sans
doute parce que Pline n’a pas servilement recopié la formula.
Il a probablement composé sa propre liste en puisant à
diverses sources d’information et en produisant un véritable
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
143
travail personnel. Dès lors, le choix d’une description géographique et/ou hodographique aurait été plus logique,
dans la continuité d’une description préalable qui procède
par va-et-vient entre la côte et l’intérieur.
Quant à l’apparente dichotomie de la liste des colonies in
mediterraneo (avec trois fondations faites pour des vétérans et
deux colonies supposées démunies d’une origine militaire),
elle demeure la principale objection opposable à l’assimilation de Valence à une colonie de droit romain. Il est toutefois
difficile d’envisager que des coloni aient pu être installés
dans le Valentinois à la fin de la République, sans penser
qu’au moins une partie d’entre eux aient été d’anciens
militaires. Mais il n’est pas obligatoire de considérer qu’ils
étaient tous issus d’une même légion, dont le numéro aurait
été associé à la colonie. Le nom Valentia, dérivant de valere
et recouvrant une idée de vigueur, revêtait une connotation qui pouvait suggérer à elle seule la nature militaire,
au moins partielle, des populations installées là (Christol,
2009, p. 334). Sur ces deux derniers points, Valence s’inscrivait peut-être dans un modèle proche de celui de Mérida,
fondée en 25 av. J.-C. au bénéfice de vétérans des Ve et
Xe légions (Le Roux, 1982, p. 69-72), et portant les noms
de Colonia Iulia Augusta Emerita (cette dernière épithète
indiquant à elle seule son origine militaire).
Ces raisonnements permettraient non seulement
d’accorder le texte de l’Histoire naturelle avec l’inscription
d’Asprenas, mais encore de ne plus s’étonner de l’emploi
de la formule coloni et incolae ou de l’absence de la tribu
Voltinia et de quattuoruiri à Valence. La fondation de Valence
comme colonie directement dotée du droit romain pourrait
être attribuée à César ou Octave (voire Lépide, moins probablement cependant), sans doute dans l’intervalle compris
entre 46 (début de la mission de Ti. Claudius Nero) et
36 av. J.-C. (consulat d’Asprenas). Dans le premier cas, le
texte de Suétone sur les fondations de colonies césariennes
en Transalpine pourrait, à son tour, faire l’objet d’une
réinterprétation. L’auteur a peut-être choisi de ne mentionner que Narbonne et Arles parmi les colonies fondées
(in quis erant…), parce qu’il s’agissait tout simplement des
deux plus importantes à l’époque où il écrivait. Son critère
de sélection n’était pas forcément le statut dont les cités
disposaient cent cinquante ans plus tôt. De plus, le terme
colonia pourrait s’appliquer plus sûrement à des colonies
romaines qu’à tout autre statut, dans le vocabulaire de
Suétone. Même s’il n’existe aucune certitude sur ce point,
il n’est donc pas exclu qu’une autre colonie romaine ait
été fondée en Transalpine sur l’ordre de César. Quant à
la possibilité d’une fondation octavienne, elle ne présente
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TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
aucune contradiction avec l’interprétation actuelle du texte
de Suétone. Valence rejoindrait alors Béziers et Orange
dans la liste des colonies romaines de Narbonnaise fondées
par Octave.
Au total, quelle qu’ait été l’ancienneté de la présence
humaine et du processus d’urbanisation à Valence, deux
hypothèses paraissent envisageables du point de vue institutionnel : celle d’une fondation latine tardo-républicaine,
peut-être précédée de distributions foncières prémunicipales et assurément suivie de l’obtention du droit romain,
et celle d’une fondation coloniale de la fin de la République
elle aussi, mais de droit romain. En l’état actuel de la documentation, la première interprétation demeure parfaitement envisageable (tout particulièrement si l’on songe à une
élévation au droit romain avant l’avènement d’Auguste), mais
la seconde doit être désormais très sérieusement envisagée,
à la faveur d’une datation tardo-républicaine de l’hommage
rendu à Asprenas, et surtout d’une interprétation géographique et/ou hodographique de la liste plinienne. En ce
cas, Valence pourrait être considérée comme une colonie
gratifiée du droit romain dès sa fondation, très probablement dans les années 40 ou 30 av. J.-C. et, peut-être, plus
précisément entre 46 et 36 av. J.-C.
SYNTHÈSE DES DONNÉES
La fouille archéologique réalisée à l’angle des rues
d’Arménie et Bouffier n’a pas permis de répondre à toutes
les questions en suspens relatives à la colonie de Valence. Elle
a toutefois le mérite d’éclaircir certains points sur l’évolution urbaine de ce chef-lieu de cité pour le moins méconnu
et, notamment, de mettre à l’honneur la période de ses
origines, longtemps restée dans l’oubli. L’opération a, pour
la première fois, permis de documenter des niveaux archéologiques dont la chronologie (50-30 av. J.-C.) paraît proche
de la date traditionnellement retenue pour la fondation de
la ville. Les niveaux de fréquentation les plus anciens se
rapportent à un four domestique ou artisanal. Ce schéma
rejoint celui d’une autre colonie, Lyon, où des vestiges antérieurs à la fondation de 43 av. J.-C. ont récemment été mis
au jour (Desbat, 2005). Les fouilles réalisées sur le plateau
de Fourvière, à l’emplacement du futur prétoire d’Agrippa,
ont en effet révélé des structures en creux et des fours,
qui présentaient déjà une orientation similaire aux plans
d’urbanisme postérieurs. Sur la base d’une documentation
encore largement lacunaire, les vestiges ont été rattachés à
l’installation des colons chassés de Vienne en 44 av. J.-C.
Pour Valence, la question reste de savoir si ces vestiges se
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
rapportent à une fondation coloniale ex nihilo ou à une
occupation gauloise légèrement antérieure, à laquelle aurait
succédé la colonie. Sans prétendre conclure de manière
définitive, il convient de relever l’absence de vestiges gaulois
dans le centre de Valence.
Ainsi, nos connaissances de l’occupation laténienne de
la région valentinoise reposent encore en grande partie sur
les fouilles anciennes réalisées sur l’oppidum du Malpas à
Soyons. Pour la période antérieure à la guerre des Gaules,
les principales traces de présence romaine dans le voisinage
de Valence sont constituées par un vaste réseau de fossés
défensifs implanté sur le plateau de Lautagne. Ces vestiges
seraient à identifier avec un ou plusieurs camps de marche
romains. En témoigneraient notamment deux éléments
de militaria tardo-républicains (pointe de javeline-épieu
et boulet de baliste). Le rare mobilier associé comprenait
également un petit lot amphorique daté de la fin du IIe s. ou
des premières années du Ier s. av. J.-C. (Desbat, Maza, 2008).
Ces éventuels camps militaires pourraient avoir joué un
rôle important dans le choix de l’emplacement de la future
colonie. Leur implantation sur le plateau de Lautagne se
justifierait par la position stratégique du site, sur l’axe de la
vallée du Rhône, à 5 km au sud du confluent de l’Isère et
du Rhône, ainsi qu’à un carrefour routier est-ouest formé
par le débouché des grandes vallées alpestres de l’Isère et
de la Drôme. Il constituait en effet un poste d’observation
idéal, une « sentinelle avancée de la romanisation de la
nouvelle province, tout particulièrement vis-à-vis du peuple
allobroge » à l’ouest et des Arvernes au nord (Barruol, 1975
p. 271). Le choix d’implanter une colonie à l’emplacement
de l’actuelle ville de Valence pouvait constituer un bastion
colonial avancé en Transalpine, notamment si l’on retient
une fondation postérieure à la guerre des Gaules, peut-être
dès les années 46-45 av. J.-C.
En tout état de cause, les premières traces d’occupation
sur le site de la rue d’Arménie laissent rapidement la place
à une occupation structurée, matérialisée par la construction de bâtiments en terre et bois, couverts de toits en
tuiles, livrant des sols de terre battue et un décor sommaire
d’enduits blancs. Les traces d’incendie observées dans la
couche de démolition permettent de proposer une destruction par le feu, au moins pour partie, dans les années
40-30 av. J.-C. Malgré le mauvais état de conservation et la
vision partielle des vestiges, il est possible de restituer un
plan orthonormé, dont l’orientation à N23°E appartient
bien au cadastre B mis en évidence dans la plaine valentinoise. La fouille a permis pour la première fois d’attester
clairement son existence dès les origines de la colonie.
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
Le cadastre Valence A, censé être le plus ancien, n’a en
revanche pas été repéré sur le site. L’hypothèse traditionnellement retenue proposait de le rattacher à une première
centuriation, contemporaine de la fondation de la ville,
notamment identifiée sur le site de la Préfecture ou dans
les campagnes environnantes (Chouquer, Favory, 1992,
p. 158-159 ; Réthoré, 1993). Le réseau cadastré Valence B
a ainsi longtemps été considéré comme un remembrement
agraire et urbain opéré pendant le Haut-Empire, dont la
chronologie remonterait au plus tôt au règne d’Auguste
(Chouquer, Favory, 1992, p. 158-159). Quelques indices permettaient déjà de supposer son existence dès les origines de
la colonie, au travers de plusieurs opérations archéologiques
livrant toutefois des vestiges ténus (Gabayet, 2004 ; Réthoré,
Valette, 2006). Les données recueillies à l’angle des rues
d’Arménie et Bouffier permettent désormais de confirmer
son existence dès les années 40 av. J.-C. On mentionnera
également comme facteur structurant l’existence d’un
probable espace de circulation, localisé à l’emplacement
exact de la rue augustéenne postérieure. Les données apparaissent trop limitées pour espérer restituer les modalités de
cette première trame urbaine. Mais ces nouveaux éléments
viennent enrichir un dossier peu documenté, malgré les
nombreuses interventions réalisées ces dernières années
dans le centre ancien de Valence, et constituent un apport
non négligeable à notre connaissance de la ville.
À partir des années 30 av. J.-C., le quartier connaît une
importante phase d’urbanisme, marquée par la reconstruction complète d’un îlot avec des fondations en dur et un
réaménagement de la voirie. Dans la parcelle de fouille,
elle se traduit par la construction d’une domus ouverte sur
la rue par un portique à colonnade en brique. Malgré des
lacunes, le plan de la maison dénote de toute évidence une
forte tradition italique, avec une distribution des pièces
autour d’un bassin pluvial. Il faut toutefois attendre la phase
suivante, datée autour du changement d’ère, pour reconstituer plus précisément l’organisation interne de la maison.
Le plan se compose d’un atrium équipé en son centre d’un
bassin de type tétrastyle, dévolu à la collecte des eaux de
pluie. Ces dernières étaient ensuite évacuées par un réseau
de canalisations vers un réservoir implanté dans la rue. Les
modes de construction reconnus pour la domus renvoient à
une élévation en terre et bois sur solin maçonné, tandis que
les décors intérieurs, de même que la nature des sols, restent
très peu documentés. La reconstruction de l’îlot se place
au début du règne d’Auguste. Elle s’insère dans un plan
général d’urbanisme visible à cette période à l’échelle de la
Gaule Narbonnaise (Goudineau, Rebourg dir., 1991 ; Gros,
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
145
1991), voulu et conçu par le pouvoir central, qui a déterminé
de façon décisive l’organisation de la topographie urbaine
dont le centre actuel de la ville est encore tributaire.
Paradoxalement, les données concernant cette période
restent assez limitées dans le centre ancien de Valence.
Nous l’avons vu, les vestiges rattachés de manière large à
l’époque augustéenne sont peu nombreux. Des éléments
de voirie ont été signalés sur les sites de la Préfecture ou
de la Porte Neuve (Réthoré, 1993 ; Ronco, 2004), ainsi
qu’un court tronçon du rempart, dont la construction serait
contemporaine (Ronco, 2004). La démarche de construire
une enceinte, phénomène caractéristique de cette période
(Collectif, 1987), répondait moins à des nécessités défensives de la ville, dans le climat désormais pacifié de cette
partie de la Gaule, qu’à une affirmation de sa puissance et
de son autonomie. Conformément aux nouvelles normes de
l’urbanisme augustéen, les pôles majeurs de la ville, comme
le forum ou les monuments de spectacle, restent toutefois
encore peu documentés. La restitution du maillage urbain
primitif demeure de la même manière délicate (fig. 33).
Au regard des découvertes archéologiques de l’angle des
rues d’Arménie et Bouffier, la première grille proposée
à titre d’hypothèse de travail (Réthoré, 1993) ne semble
pas fonctionner, du moins dans ce secteur qui reste, au
demeurant, en marge de la ville 31. Cette trame reposait sur
des insulae carrées de 95 m (317 pieds) de côté. La reprise
de la documentation, enrichie par des découvertes archéologiques récentes, a permis de proposer une nouvelle lecture
(Réthoré, 2010, p. 626, fig. 970). En dehors du fait que l’on
connaît très peu d’exemples de colonies organisées en îlots
carrés de petites dimensions, sauf peut-être Nyon en Suisse
(Brunetti, 2005), leurs dimensions apparaissent sensiblement plus importantes que celles reconnues pour d’autres
colonies contemporaines. À Lyon, la phase d’urbanisation
remontant à l’époque augustéenne se caractérise par des
insulae de 240 par 120 pieds (Delaval, 1995 ; Desbat, 2005).
Des dimensions identiques sont par ailleurs bien attestées
dans d’autres villes, comme Fréjus, Orange ou Ampurias
(Beltran-Lloris, Carillo, 1996 ; Mignon, 1996 ; Rivet et al.,
2000). Nous ne tenterons pas ici de proposer un nouveau
maillage urbain pour la cité de Valence, dans la mesure où
il s’agit d’un travail délicat et périlleux, reposant par ailleurs
sur une documentation pour le moins ténue. Il n’est d’ailleurs pas certain que la mise en place de la rue et de l’îlot
urbain dans les années 30 av. J.-C. corresponde à la trame
31. Il convient de souligner tout de même que cette première proposition s’appuyait sur une documentation assez limitée, sujette à des
ajustements au fil des découvertes.
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TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
N
opération angle rues
d’Arménie et Bouffier
0
élément viaire découvert
grille hypothétique de la trame viaire (1993)
250 m
tracé hypothétique du rempart
Fig. 33 – Hypothèse de la trame urbaine de la colonie de Valence (DAO : D. Tourgon, d’après Réthoré, 1993).
originelle de la colonie, ceci d’autant plus qu’elle succède à
une première phase d’occupation. Pour la colonie de Lyon
par exemple, la trame primitive était vraisemblablement
formée par des îlots carrés de 120 pieds de côté, comme
celui partiellement dégagé à l’emplacement du temple
du Verbe-Incarné. Les insulae rectangulaires de 240 par
120 pieds résulteraient de la réunion de deux îlots primitifs,
lors d’une phase d’urbanisation postérieure (Delaval, 1995).
Ils pourraient dater d’une restructuration augustéenne du
quartier dans les années 15-10 av. J.-C. qui aurait réuni deux
à deux les îlots carrés séparés par une rue (id., p. 210). Une
situation identique est connue dans la colonie de Fréjus
(Rivet et al.,, 2000). Ce schéma pourrait également s’appliquer à la colonie de Valence. Le premier plan d’urbanisme
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
des années 40 av. J.-C. pourrait ainsi se rapporter à la trame
primitive, formée par la juxtaposition d’îlots de petite
taille, qui permettait une plus grande souplesse et une
meilleure adaptation au relief. Les restructurations et aménagements postérieurs auraient permis le regroupement de
plusieurs parcelles, formant de grands îlots de différents
modules. Les deux facteurs déterminants que représentent
la topographie du site et l’édification de bâtiments publics
permettent par ailleurs de proposer à titre d’hypothèse
une alternance d’îlots carrés et d’îlots rectangulaires. La
colonie s’installe en effet sur une terrasse étagée présentant
un pendage en direction du Rhône et dont la partie occidentale apparaît particulièrement escarpée. La construction des bâtiments constituant la parure monumentale de la
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
ville, telle que le forum ou les édifices de spectacle, a enfin
conduit à restructurer les îlots préexistants en fonction des
besoins, sur un modèle bien connu dans d’autres chefs-lieux
de cité comme Lyon (Delaval, 1995) ou Nyon (Brunetti,
2005, fig. 41). Pour ce qui est de l’évolution de l’îlot après
la période augustéenne, les vestiges demeurent très épars et
mal conservés. La chaussée est régulièrement entretenue,
notamment par la mise en place de nombreuses recharges
percées par une série de caniveaux. Quant au devenir
de la domus, son évolution architecturale reste difficile à
percevoir. Le mobilier recueilli dans les niveaux les plus
récents a toutefois permis d’attester la permanence de son
occupation jusqu’à l’aube du IV e s.
La colonie de Valence reflète dès ses origines l’implantation de modèles pleinement romains en Transalpine,
en matière d’urbanisme, d’architecture et de modes
de vie. Les collections de mobiliers livrent en effet un
panorama assez complet du vaisselier en usage à Valence,
des années 40 av. J.-C. au changement d’ère. Elles montrent
dès à présent une évolution très nette des faciès céramiques
qui concernent le vaisselier domestique comme le répertoire amphorique. Il va de soi que leur examen complet
prendra encore du temps. La superposition des séquences
pour la seule première phase témoigne de la complexité
et de la rapidité d’enchaînement des occupations sur un
même lieu. Ce travail est en cours et devrait permettre à
terme, grâce à une stratigraphie bien conservée, de préciser
sensiblement le phasage à l’image du travail remarquable
réalisé par A. Desbat sur les niveaux de fondation de la
colonie de Lyon (Desbat, 2005). On insistera notamment
sur la disparition quasi totale des productions italiques
tardo-républicaines dès les années 30 av. J.-C., que ce soit
pour la céramique fine (campanienne, parois fines) ou
pour les amphores (Dressel 1). Les sigillées italiques à vernis
rouge sont rares pour le premier horizon, mais confirment
un début des importations dès les années 40 av. J.-C., aux
côtés des premières imitations de la vallée du Rhône. L’état
suivant montre une nette domination des productions
italiques jusqu’au changement d’ère, en liaison avec une
diversification notable du service à boire (Aco, Rippenbecher,
bol hémisphérique). La phase la plus ancienne livre une
majorité d’amphores à vin Dressel 1B importées de la côte
tyrrhénienne de l’Italie, associées à une grande diversité de
conteneurs en provenance de l’ensemble du bassin méditerranéen. À partir de l’époque augustéenne, on assiste
en revanche à une forte baisse des importations italiques
au profit de leurs homologues ibériques ou orientaux. Les
parures métalliques et le monnayage sont enfin connus
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
147
de manière très discrète (fibule type Alésia, dupondius de
Nîmes du groupe 1), mais confortent une datation dans les
années 50-30 av. J.-C. pour la phase la plus ancienne.
Les précisions apportées par l’étude du mobilier céramique
autorisent une réflexion plus large sur l’origine
’origine des populations. La grande diversité des importations apparaît surtout
révélatrice d’habitudes alimentaires méditerranéennes : les
céramiques culinaires italiques ou de tradition italique
(plats, marmites tripodes) sont présentes dès le premier
horizon, aux côtés des lampes, des cruches, des mortiers de
cuisine et de toute la gamme des produits importés du bassin
méditerranéen (huile, sauces de poisson, vins occidentaux
ou orientaux). Ces marqueurs forts trahissent une population très romanisée et fortement imprégnée de culture et
d’usages de tables italiques (mets et boissons). Le répertoire
de la céramique indigène renvoie aux formes traditionnelles
du monde méditerranéen (marmites tripodes, plats à cuire,
cruches, mortiers), ce qui de ce point de vue rapprocherait
davantage Valence de Narbonne (Sanchez, 2003), que de
Lyon, où les formes de la batterie de cuisine restent profondément ancrées dans la tradition indigène (Desbat, 2005).
Elles devaient pour la plupart être réalisées sur place par
des potiers locaux. Les caractéristiques particulières de la
culture matérielle s’expliquent d’autant mieux si l’on songe
à l’implantation de colons apportant avec eux leurs modes
alimentaires et certains vases de cuisson ou liés au service
et à la consommation des boissons. L’étude du mobilier a
montré la richesse des assemblages céramiques (services à
boire, vins d’Orient, de la péninsule Ibérique ou d’Italie,
sauces de poisson/vins et huile de Bétique), qui doivent
pouvoir être rattachés à la demeure d’un propriétaire aisé.
L’identification de pièces remarquables dès les niveaux les
plus anciens (miroir et rasoir en bronze, décor de pieds de
lits et dés en os, fibules de type Alésia, luminaire en terre
cuite, etc.), de même que les spectres fauniques, renforcent
le caractère original de cette occupation. Les déchets de
tabletterie (23 % des artéfacts) et en particulier les éléments
de lits de tradition hellénistique plaident en faveur de l’identification d’un atelier local. L’hypothèse apparaît renforcée
par la découverte d’un nombre important de déchets de
tabletterie lors de la fouille de l’ancienne salle des Fêtes, à
quelques dizaines de mètres du site (Réthoré, 1988). Selon les
hypothèses traditionnellement admises, les pièces aux profils
simples et lisses pourraient être le fruit de productions régionales, tandis que les riches décors figurés étaient importés
d’ateliers spécialisés localisés en Italie centrale (Béal, 1991,
p. 313). Ces biens de prestige sont à mettre en relation avec la
présence en quantité d’une grande diversité de produits ou
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TONY SILVINO, GUILLAUME M AZA, PATRICE FAURE, NICOLAS T RAN
d’objets importés de tradition méditerranéenne, trahissant
vraisemblablement l’origine de leur propriétaire.
Au regard de ces données, la présence d’une population
d’origine italique semble avérée. Si des immigrés civils ont
pu œuvrer à l’implantation coloniale, la participation de
militaires, et notamment de vétérans, n’est pas à écarter. Les
indices restent toutefois ténus, avec pour élément principal
une bouterolle de fourreau de gladius et une fibule de type
Alésia. Loin d’être anecdotique, leur présence constitue un
argument supplémentaire, dans les discussions historiques
relatives au statut de la colonie. À titre de comparaison,
les niveaux coloniaux identifiés pour les villes de Lyon
et d’Augst ont livré de nombreux militaria se rapportant
à l’armement et à l’équipement militaire (Desbat, Maza,
2005 ; Martin-Kilcher, 2005). Leur relative abondance dans
les niveaux contemporains ou légèrement postérieurs de la
fondation coloniale semble dans tous les cas confirmer une
origine militaire, ainsi que leur rôle de base arrière pour
les campagnes militaires conduites sur le Rhin à partir de
l’époque augustéenne. La fondation de Valence ne répond
pas forcément et en priorité à des nécessités militaires, et
la découverte de rares militaria ne suffit pas à juger de la
nature des colons et de la fondation. Mais ce dernier point,
joint au contexte historique et au nom de la cité (Valentia,
« la Vigoureuse » ou « la Valeureuse »), laisse envisager la
présence au moins partielle de vétérans parmi les colons.
Si l’on abandonnait momentanément les précautions
d’usage pour essayer de formuler des reconstitutions vraisemblables, il serait assez séduisant de tenter une articulation des sources archéologiques et textuelles autour de
45 av. J.-C. environ. En effet, les niveaux de fréquentation
les plus anciens, marqués par la construction de bâtiments
en terre et en bois couverts de toits de tuiles, remontent
à cette décennie. Il serait alors possible de songer à une
fondation coloniale (de droit romain dès cette époque ?),
dont le contexte le plus probable paraît être la mission de
Ti. Claudius Nero en Gaule en 46-45 av. J.-C. (voir supra les
possibilités d’interprétation du texte de Suétone). À cette
date, L. Nonius Asprenas était engagé dans les guerres
civiles, dans le parti de César. Les sources littéraires
indiquent qu’en 46 av. J.-C. il se trouvait en Afrique, où il fut
responsable (avec deux légions et le titre de proconsul) de
la garde du camp à Thapsus, puis en Espagne en 45 (César,
Bell. Afr., LXXX, 4 ; Bell. Hisp., X, 2). Mais rien n’empêche
d’envisager que ce fidèle de César ait pu gagner le sud
de la Gaule durant les mois ou les années suivantes, avec
le titre de pro praetore. L’inscription de Valence l’honore
comme patron et non explicitement comme fondateur. Il est
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
difficile de savoir quel rôle exact a pu jouer Asprenas dans
le développement de la cité et de son centre urbain, mais
il est possible que les liens de clientélisme tiennent à une
action particulière du sénateur. En la matière, le parallèle
entre une fondation de Valence par Ti. Claudius Nero et
un développement par L. Nonius Asprenas pourrait, là
encore, rappeler le cas lyonnais, avec les rôles similaires
de L. Munatius Plancus et de M. Vipsanius Agrippa. Quoi
qu’il en soit, il n’est pas surprenant de trouver un homme
comme Asprenas, très lié à César et à son fils adoptif, dans
la fonction de propréteur et dans la position de patron des
coloni et des incolae, réunis dans la mixité de la première
société valentinoise. Une telle reconstitution ne serait pas
non plus incohérente, si l’on considère la chronologie des
fondations de colonies romaines dans l’espace gaulois,
durant la décennie 40 av. J.-C. Du sud vers le nord, ce sont
Narbonne (refondation) et Arles en 46-45 av. J.-C., peut-être
Valence dans le même contexte, pui s Lyon en 43 av. J.-C.,
qui auraient été fondées (fig. 31). Le cas de Vienne
demeure très discuté, mais l’ensemble constituerait un
chapelet de colonies équitablement distribuées en diverses
parties du sud de la Gaule et de la vallée rhodanienne. En
trois années, c’est un ensemble relativement cohérent et
équilibré qui aurait été ainsi constitué dans la partie occidentale de la Transalpine, puis dans la basse, moyenne et
haute vallée du Rhône. D’autant qu’un peu plus au nord,
Nyon aurait été fondée sur projet césarien en même temps
que Narbonne et Arles, et Augst la même année que Lyon.
Une telle proximité de destins pourrait aussi expliquer la
similitude des évolutions urbaines rencontrées à Lyon et
à Valence durant les décennies suivantes. Pour autant, il
convient de ne pas forcer la documentation et de rester
prudent quant à l’articulation des données archéologiques
et littéraires, surtout au sujet du statut juridique de la
colonie de Valence. En effet, les opérations d’urbanisme
relevées dans les années 30 av. J.-C. pourraient aussi être
interprétées comme les effets d’une promotion du rang de
colonie latine à romaine, voire comme une indication d’une
fondation octavienne de droit romain (à l’instar de Béziers
et d’Orange, probablement fondées en 36-35 av. J.-C., avant
Fréjus fondée vers 31-27 av. J.-C.), faisant suite à un premier
établissement qui n’avait pas encore le rang colonial. D’une
manière générale, la phase d’occupation précoloniale des
villes du sud de la Gaule reste encore fort mal connue à ce
jour et doit inciter à la prudence.
Il n’en demeure pas moins qu’une relecture attentive des
textes, combinée à l’ouverture d’une petite fenêtre dans le
sous-sol du centre-ville, autorise des progrès significatifs et
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L ES ORIGINES DE LA COLONIE ROMAINE DE VALENCE (DRÔME)
des hypothèses nouvelles concernant les débuts de Valence.
La ville de Valence trouve ainsi ses origines dans un secteur
déjà bien connu du pouvoir en place, depuis les opérations
militaires conduites dans la basse et la moyenne vallée du
Rhône, et montre des indices forts d’une romanité précoce
dans ses mobiliers comme dans son architecture. Une
présence italienne y est attestée par l’archéologie dès la
décennie 40 av. J.-C., tandis que les sources épigraphiques et
littéraires pourraient témoigner d’une fondation coloniale
contemporaine (de droit romain dès l’origine ?), ou au plus
tard des années 30 av. J.-C. Le premier plan d’urbanisme,
caisse de résonance de la romanité, s’est manifesté par la
Gallia, 68-2, 2011, p. 109-154
149
construction d’une ville de terre et de bois, constituée d’un
réseau viaire orienté selon le cadastre B de Valence. Cette
première occupation laissa rapidement place à une nouvelle
phase d’urbanisme datée à partir des années 30 av. J.-C., qui
remodela le visage du centre urbain et dont la ville actuelle
porte encore les stigmates, comme c’est le cas pour d’autres
villes de Narbonnaise. Ces reconstitutions souffrent bien
évidemment d’incertitudes de détail mais, en l’état actuel
de la documentation, rien ne peut les contredire de
manière rédhibitoire. Il demeure toutefois évident que des
ajustements seront nécessaires en fonction des découvertes
archéologiques et épigraphiques à venir.
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